Maudire la malédiction?

Selon la Bible, le chrétien a-t-il le droit de maudire, la maladie, par exemple? Est-il approprié de se baser sur la parabole du figuier maudit pour justifier le fait de maudire un méfait? Cette étude approfondie clarifie notre rôle face à la bénédiction et à la malédiction.
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Table des matières

Maudire la malédiction?

 

  1. Introduction

 

Lire :

Gen. 3 : 17-19 è (…) le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs.

C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.

Deut. 28 : 2, 15-20, 38, 63 è Voici toutes les bénédictions qui se répandront sur toi et qui seront ton partage, lorsque tu obéiras à la voix de l’Eternel, ton Dieu : (…)

Mais si tu n’obéis point à la voix de l’Eternel, ton Dieu, si tu n’observes pas et ne mets pas en pratique tous ses commandements et toutes ses lois que je te prescris aujourd’hui, voici toutes les malédictions qui viendront sur toi et qui seront ton partage :

Tu seras maudit dans la ville, et tu seras maudit dans les champs.

Ta corbeille et ta huche seront maudites.

Le fruit de tes entrailles, le fruit de ton sol, les portées de ton gros et de ton menu bétail, toutes ces choses seront maudites.

Tu seras maudit à ton arrivée, et tu seras maudit à ton départ.

L’Eternel enverra contre toi la malédiction, le trouble et la menace, au milieu de toutes les entreprises que tu feras, jusqu’à ce que tu sois détruit, jusqu’à ce que tu périsses promptement, à cause de la méchanceté de tes actions, qui t’aura porté à m’abandonner. (…)

Tu transporteras sur ton champ beaucoup de semence; et tu feras une faible récolte, car les sauterelles la dévo­re­ront. (…)

De même que l’Eternel prenait plaisir à vous faire du bien et à vous multiplier, de même l’Eternel prendra plaisir à vous faire périr et à vous détruire; et vous serez arrachés du pays dont tu vas entrer en possession.

Etc., etc.

 

Gal. 3 : 13 è Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois, 

Col. 1 : 12 è Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière,

Col. 2 : 14, 15 è (…) il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a détruit en le clouant à la croix; il a dépouillé les do­mi­­na­tions et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triom­phant d’elles par la croix.

Etc.

Questions : Lorsque dans la vie d’un chrétien authentique, né de nouveau, marchant dans la sanctification et obéissant à la Parole de Dieu, il y a présence d’éléments susmentionnés, comment faut-il réagir? Maudire les nuisances et les maladies? Louer Dieu pour un cancer? Bénir les chardons dans les champs? Comment faut-il prier?

Réponse : Avant toute chose, il faut décider humble­ment de se remettre en question avec les «absolus connus» et rechercher ce que la Bible pourrait nous enseigner – des choses qui pourraient nous avoir échappé.

Il est clair que dans la présente étude, nous présumons d’une situation où le péché possible a été mis en lumière devant notre Seigneur, confessé, et que l’enfant de Dieu concerné a été lavé par le sang de Jésus pour le pardon total.

 

  1. Définitions

 

Les deux polarités évoquées sont :

 

La malédiction

Larousse

Nom féminin

(latin : maledictio, -onis, injure)

  • Littéraire. Paroles par lesquelles on souhaite un sort néfaste à quelqu’un :
    La malédiction paternelle.
  • Condamnation au malheur qui semble venir d’une puissance supérieure :
    S’attirer par ses actes la malédiction divine.
  • Sort hostile, malheur, malchance auxquels on semble être voué par la destinée.

 

Bible – hébreu

07045 q@lalah (kel-aw-law’)

LSG – malédiction, diffamation, calomnie, exécration, imprécation

 

Bible – grec

2671 katara (kat-ar’-ah)

LSG – malédiction, être maudite

Ce qui est exécrable, une imprécation, une malédiction.

 

La bénédiction

Larousse

Nom féminin

(latin ecclésiastique : benedictio, de bene, bien, et dicere, dire)

  • Grâce, faveur que Dieu accorde.
  • Acte sacerdotal qui sanctifie une personne ou une chose,
    ou qui appelle sur elle la bienveillance de Dieu.
  • Souhait solennel de bonheur, auquel on accorde un caractère sacré :
    La bénédiction d’un père.

 

Bible – hébreu

01293 B@rakah (ber-aw-kaw’)

LSG – bénédiction, béni, un présent, paix, bienfaisant

  1. Bénédiction, paroles de bénédictions, bienfaits, faveurs (du ciel), objet de bénédiction
  2. (Source de) bénédiction
  3. Prospérité
  4. Louange de Dieu
  5. Un don, un présent
  6. Traité de paix

 

Bible – grec

2129 eulogia (yoo-log-ee’-ah)

LSG – bénédiction, flatteuses, libéralité, abondamment, bénir, louange

  1. Louange, panégyrique : de Christ ou Dieu
  2. Discours flatteur, langage ampoulé
    1. Dans un mauvais sens, langage adapté artificiellement pour captiver l’auditeur : belles paroles, discours flatteur
  3. Une invocation de bénédictions
  4. Consécration
  5. Une bénédiction concrète, un bienfait

 

  1. Origine

 

En considérant la situation dès Genèse 3, il apparaît clairement que les nuisances dans la nature, les souffrances et la mort finale pour l’homme sont la conséquence du péché qu’il a laissé entrer dans le monde. C’est Dieu qui a prononcé le verdict de la malédiction suite au mépris des lois divines. Satan ne sera qu’un exécutant éventuel, conjointement avec les possibles interventions angéliques (anges de destruction, de plaies et de mort).

Notre présence comme peuple de Dieu dans un monde qui se trouve sous cette malédiction nous fait cohabiter avec le système de cet «aïon» et en subir des effets collatéraux. Or cela ne nous habilite pas à formuler la malédiction sur cette situation combien dramatique et remplie de souffrances, mais nous enjoint de trouver la voie de la bénédiction en Jésus-Christ.

  1. Bénédiction

 

Le sacrifice expiatoire par Jésus-Christ a une dimension qui apporte pardon des péchés, rétablissement de la liaison avec le Père et venue dans nos vies du Saint-Esprit, garant de la vie éternelle.

De plus, nous constatons l’accomplissement complet des exigences légales divines par notre Seigneur, au moyen d’un rachat compensatoire qui nous libère totalement de la malédiction prononcée en Eden. L’acte légal de condamnation a été effacé et les dominations qui avaient un droit de nuisance ont été dépouillées de leur autorité.

 

  • 3 : 13 / Col. 2 : 13-15
  • 3 : 10 : Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison; mettez-moi de la sorte à l’é­preuve, dit l’Eternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance.
  • 15 : 29 : Je sais qu’en allant vers vous, c’est avec une pleine bénédic­tion de Christ que j’irai.
  • 3 : 14 : afin que la bénédiction d’Abraham eût pour les païens son accomplis­sement en Jésus-Christ, et que nous reçussions par la foi l’Esprit qui avait été promis.
  • Héb. 6 : 7 : Lorsqu’une terre est abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, et qu’elle produit une herbe utile à ceux pour qui elle est cultivée, elle parti­cipe à la bénédiction de Dieu;
  • I Pierre 3 : 9 : Ne rendez point mal pour mal, ou injure pour injure; bénissez, au contraire, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédic­tion.

 

La bénédiction nous étant acquise, nous ne devons plus combattre la ma­lédic­tion mais actualiser les suites du salut acquis et nous approprier ses bienfaits.

 

  1. Compréhension rectifiée

 

Le figuier maudit

L’enseignement pratique du Seigneur par un exemple concret a malheureusement été détourné de son but premier :

Lecture et analyse :

  • 21 : 19-21 / Marc 11 : 13, 14, 20-24
    • Le Seigneur n’a jamais prononcé le mot «mau­­­­­­dire» ni une «prière de malé­dic­tion».
    • Le figuier n’était pas un problème ni un sujet de nuisance qu’il aurait fallu combattre. Il était dans un statut normal et à une saison où il n’était pas censé porter des fruits. Ainsi, Jésus a profité de cette situation pour transmettre un enseignement aux disciples, et non pour contre­carrer une «attaque ennemi».
    • Le figuier a reçu un ordre qui allait entraver son fonctionnement normal : Que jamais fruit ne naisse de toi! et Que jamais personne ne mange de ton fruit! Le résultat fut immédiat et constatable sur le champ, parce qu’il s’agissait d’une démonstration et non d’une action de défense.

 

  • La suite des enseignements de Jésus était clai­­re­ment orientée vers une pro­motion de la «foi de Dieu» puisqu’il évoque encore un autre exemple, celui de la montagne à se déplacer. Il enjoint de ne pas douter afin de voir concrètement des résultats sur le plan matériel.
  • Ce fut Pierre qui résuma faussement l’opération : au lieu de relever la quin­tes­sence de l’opération, c’est-à-dire la promotion de paroles de foi, il ne re­le­va que ce qu’il perçut comme une «malédiction».
  • Ainsi, si l’on prend comme exemple «la présence de chardons dans un champ», un exercice de foi de notre part peut dessécher leurs racines mais nous ne devons pas maudire ces plantes en tant qu’agressions de l’ennemi.

 

La parabole de l’ivraie

C’est une confrontation à une agression enne­mie qui ne se termine pas selon la tradition «cha­­­­­­­­­ris­ma­tique».

Lecture et analyse :

  • 13 : 25-40
    • La parabole est orientée en finalité vers une dimension qui va au-delà des réalités pure­ment agri­­­­coles, mais ne peut se sous­traire aux principes mêmes du Seigneur, évoqués dans l’exemple précédent.
    • Elle relate une agression de l’ennemi, mais n’entrevoit pas l’applica­tion d’une position de foi défensive et immédiate, c’est-à-dire la destruction de l’ivraie par une parole de puissance.
    • Un temps de mûrissement peut être requis lors d’une agression ennemie.

 

Observations importantes :

  1. Jamais le Seigneur n’a prononcé une malédiction sur une maladie, comme la «pratique américaine» nous l’enseigne – pourquoi le ferions-nous?
  2. Une application «mécanique» des principes de foi ne fonctionne pas, comme nous le démontre la pratique courante. Le Seigneur ne faisait que «ce qu’il voyait faire au Père» (selon Jean 5 : 19) – pourquoi essayons-nous malgré cela de faire l’économie de ces prin­cipes?
  3. Une vie intense dans l’Esprit doit précéder «la domination du spirituel sur le matériel» – pourquoi le peuple de Dieu se permet-il toujours de court-circuiter la volonté du Seigneur?
  4. Le Seigneur nous a clairement enseigné de «croire selon les Ecritures», ce que la traduction déficiente de la version Segond ne nous permet pas de comprendre dans certains cas. Exemple :
    • Jean 7 : 38 :

Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. (Segond)

«comme dit l’Ecriture» se rapporte au fait que des fleuves d’eau vive couleront de notre sein.

Celui qui croit en moi, selon ce que dit l’Ecriture, des fleuves d’eau vive découleront de son ventre. (Martin)

«selon ce que dit l’Ecriture» se rapporte à la façon de croire en Jésus-Christ.

Pourquoi ces réactions contre un «pseudo-intellectualisme biblique» qui ne fait que cacher notre paresse de faire un travail biblique intense et humblement soumis aux Ecritures?

  1. Malédiction proscrite pour le chrétien

 

En plus d’une interdiction absolue de maudire son prochain, apparaît clairement dans les passages bibliques incriminés l’exclusion du principe de la malédiction face à la bénédiction que le chrétien authentique doit appliquer :

  • Luc 6 : 28 è bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent.
  • 12 : 14 è Bénissez ceux qui vous persé­cutent, bénissez et ne maudissez pas.
  • I Pierre 3 : 9 è Ne rendez point mal pour mal, ou injure pour injure; bénissez, au contraire, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction.
  • 5 : 44 è Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
  • 109 : 17 è Il aimait la malédiction : qu’elle tombe sur lui! Il ne se plaisait pas à la bénédiction : qu’elle s’éloigne de lui!

 

  1. Conclusion

 

Le Seigneur est venu pour détruire les œuvres du malin (selon I Jean 3 : 8). Nous sommes invités à faire de même (selon Jean 14 : 12) mais en conformité avec la Bible – ni plus, ni moins!

 

 

Lussy, le 25.06.2015 / Jean-Pierre Trachsel

Date de parution sur www.apv.org : 21.09.15

 

 

Article écrit par Trachsel Jean-Pierre

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