Parcours de vie de Willy Niederhauser
Par Marcel Niederhauser – «La Tanne» – Enterrement de mon papa, le 19 mars 2005
Papa est né le 14 septembre 1928, à Gerzensee. Il eut une sœur et trois frères. Déjà très tôt, la famille connut ce que difficultés et tristesses pouvaient signifier lorsque leur frère aîné Fritz décéda, à l’âge de dix-sept ans, de la tuberculose.
Agé de vingt-huit ans, Papa déménagea avec Maman et Gérard, ainsi que son frère jumeau Alfred, dans le Jura et ils achetèrent la ferme à «La Tanne». Ce fut un grand privilège pour eux, car à cette période, des réunions eurent lieu dans leur ferme et les deux familles s’engagèrent avec beaucoup de zèle.
Papa souffrit tout à coup d’une grave dépression et pendant celle-ci, il cria à Dieu, car il ne pouvait croire qu’avec Lui, il n’y avait aucune issue. Il demanda de l’aide et des personnes prièrent pour lui. Avec sa Bible sous le bras, il alla souvent à la forêt pour prier et crier à Dieu : «Délivre-moi, je t’aime, j’aime ta Parole.» C’est ainsi qu’un jour, il ouvrit sa Bible à l’endroit où il est écrit : «Ceux qui acceptèrent sa parole se firent baptiser.» Cela eut comme conséquence qu’avec son frère Alfred, ils se baptisèrent à Thalgut, le 20 août 1961. Après encore bien des combats et une recherche profonde de Dieu, Papa fut guéri de cette dépression. Il fut rempli du Saint-Esprit et cette expérience du «baptême dans le Saint-Esprit» ne le quitta plus jamais.
Suite à cela, une dure épreuve arriva. L’Assemblée, dont ils faisaient partie, se retira de la ferme et cessa toute réunion. Cet événement fut pour les familles de Papa et Alfred très difficile. Ils vécurent une période très pénible, mais restèrent fidèles à Dieu.
Ils commencèrent par se rencontrer dans le cadre d’un «groupe-maison», qui s’agrandit très vite. Là, ils expérimentèrent la puissance du Saint-Esprit d’une manière très forte. Des personnes vinrent et furent touchées. Ensuite, elles se convertirent, furent guéries et délivrées de leurs oppressions. Papa et Alfred furent souvent appelés à prier pour les souffrants et bien des personnes participèrent à leurs rencontres, de telle manière que la salle initiale devint trop petite. Ils construisirent une deuxième salle dans la grange, qui fut également trop limitée après cinq années.
Durant ce laps de temps, les deux familles s’agrandirent passablement. Papa et Maman eurent sept enfants, tandis que l’oncle Fred et tante Dorli en eurent cinq. Ainsi, on travailla ensemble à la ferme et à l’église, avec amour, foi, persévérance et dévouement. Beaucoup de choses pourraient être citées sur ce temps merveilleux de réveil spirituel que nous avions connu à cette époque.
L’église s’agrandit tellement que dans les années 70, nous commençâmes à construire avec beaucoup d’énergie notre bâtiment de réunions. C’est pendant cette construction que soudain, le frère jumeau Alfred devint malade. Sa maladie ne dura que quelques jours, puis il mourut d’une leucémie à l’âge de quarante-cinq ans, au mois de novembre 1973.
Quelle dure épreuve endurèrent les deux familles et l’église. Beaucoup de larmes furent versées pendant que l’on continuait à construire, avec persévérance et courage, le bâtiment d’église. C’est au printemps 1974 que la nouvelle bâtisse fut inaugurée.
A peine cinq années plus tard survint la deuxième grande épreuve, lorsque notre maman mourut d’un cancer, à l’âge de quarante-huit ans, après vingt-quatre ans de mariage avec Papa. A travers ces épreuves, nous eûmes à faire face à un père qui pleurait beaucoup. L’édification de l’église fut liée à beaucoup de joies, mais aussi à beaucoup de souffrances et d’épreuves.
Une fois, lorsque je visitai mon papa à Loèche-les-Bains, je le trouvai triste, découragé et déprimé. Néanmoins, il resta toujours très fidèle à Dieu. La vie de Papa fut empreinte de beaucoup de joies, mais aussi de beaucoup d’épreuves. Dans cela, il disait toujours : «Tiens bon, persévère, regarde à Jésus.» Et il entonnait le chant : «Jusqu’au bout, je veux te suivre…».
Lorsque je lui partageais parfois mes propres peines, il me disait toujours : «Ne t’arrête pas, va de l’avant, reste fidèle à ta vocation.» Combien de fois, il dit ceci : «Si je n’avais pas eu la Parole de Dieu et les écrits de l’apôtre Paul, je n’aurais pas pu continuer.» Je suis si heureux que Papa m’ait rappelé plusieurs fois ces paroles. Il aimait et appliquait la Parole de Dieu. Combien de fois également, il s’est endormi avec la Bible sur sa poitrine, en faisant confiance à Dieu et en refusant d’abandonner.
En 1981, il se maria avec Jacqueline et ils eurent beaucoup de bonheur avec la naissance de leur fils Daniel. Sa grande joie fut aussi de pouvoir faire plusieurs voyages en Israël, avec Jacqueline. Pendant ces voyages, il prit beaucoup de temps pour la prière.
Sa disponibilité fut toujours présente pour sa famille, pour l’église et pour la mission. Avec Jacqueline et son frère Walter, ils purent se rendre environ dix fois aux Philippines. De même, il m’accompagna dix fois de suite, au Bénin. Il appréciait beaucoup ces voyages missionnaires dans ces deux pays.
Parfois les circonstances furent très difficiles, mais sa joie fut grande de voir des centaines de personnes donner leur vie à Dieu. Lorsque je prêchais l’Evangile, j’entendais derrière moi, mon papa qui priait aussi fort qu’il le pouvait.
Oui, mon papa fut un homme de prière. Des heures durant, il pria à genoux, pour sa famille, pour l’église, pour des personnes souffrantes, pour les autorités, pour les missions et pour un réveil. Il y a encore dix jours, il me dit avec conviction : «Marcel, nous allons vivre un réveil; continue de cette façon.»
Quelle mauvaise nouvelle d’apprendre en début décembre 2003 que mon papa avait une tumeur au foie. En janvier 2004, la moitié du foie lui fut enlevée par une opération. Dès le mois d’août, il alla en s’affaiblissant. Malgré cela, il garda l’espoir jusqu’au bout. Bien souvent il disait : «Je voudrais encore vivre sur cette terre, mais si Dieu veut me rappeler à Lui, alors je voudrais quitter cette terre avec joie».
En mai l’année dernière, nous avons rénové la salle et commémoré les quarante années de l’existence de l’église. Nous étions si content que Papa puisse participer à cette fête.
C’est aussi avec beaucoup de joie et de reconnaissance qu’il a encore pu vivre le renouveau de l’église que nous vivons depuis huit mois. Beaucoup de membres de l’église allèrent auprès de lui en disant : «Willy, c’est le fruit de ton travail.» Aussi, sa dernière prière à l’église au mois de février, lors de l’acceptation de trente nouveaux membres, en relation avec la croissance de l’assemblée, fut très significative. Il aimait la vie d’église et il se donnait tout entier à cela.
Voici encore quelques informations sur son départ :
Dieu a rappelé mon papa dans sa patrie céleste, en temps voulu. Samedi dernier, il s’est endormi à quinze heures. Ensuite, il s’est réveillé courtement avant minuit. Normalement, chaque dimanche matin à sept heures, Papa se rendait dans son bureau pour prier pour le culte. Ce dimanche matin, avant que je me rende au bureau, j’allai auprès de Papa pour lui dire : «Tu me manques, car je ne t’entends plus prier.» A ce moment, il a brièvement ouvert ses yeux, puis il est parti à la maison, auprès de son Sauveur. C’est comme s’il avait attendu sur moi. Le soleil se leva au même moment pour une matinée merveilleuse.
Je pensai à ce chant qu’il chantait si souvent : «Merveilleux matin, le ciel est si clair, merveilleux matin, sa Parole est vrai, matin où il n’y a plus de soucis, car Jésus est avec moi pour toute l’éternité.»
Les gens vinrent au culte et à ce moment, Papa partit de «La Tanne»; c’était très significatif. Samedi soir, il neigeait encore très fort et depuis dimanche à ce jour, il fait beau et chaud. Le printemps est de retour, les oiseaux chantent et les fleurs poussent. Ceci a aussi une signification car mon papa se réjouissait beaucoup dans la nature, dans son jardin, au milieu de ses fleurs. Maintenant, Papa vit un printemps merveilleux dans la gloire éternelle.
Oui, il laisse derrière lui, Jacqueline, huit enfants et vingt-trois petits-enfants, ainsi qu’une église avec plus de trois cent cinquante membres et beaucoup d’amis. Papa manque à tous, car nous pouvions partager tellement de choses où il nous encourageait. Dans son appartement, dans son bureau et dans les cultes, il laisse un grand vide.
Papa a déménagé, il est rentré à la maison. Jésus a dit : «Celui qui croit en moi, vivra même s’il meurt.» Le corps meurt, mais jamais l’âme. Ceci est notre merveilleuse espérance; il nous a précédé.
Texte d’un chant : «Tout passe une fois, tout doit passer une fois, ce qui nous retient, ce qui nous semblait une fois cher, va flétrir. Mon frère, je vais le rencontrer, je reverrai ceux qui m’étaient chers. Dans la ville où les rues sont en or, il n’y a plus de séparation. Mon chemin, il conduit là-haut, vers la ville que Dieu construit, où les fleurs ne faneront jamais, où nous ne verrons que la gloire.»
Quelle espérance, car il y a un «au revoir» là de l’autre côté de la rive. Il a souvent chanté le chant : «De l’autre côté du rivage, il n’y a plus de deuil, de l’autre côté du rivage, il n’existe que joie, de l’autre côté du rivage, on ne pleure plus, de l’autre côté du rivage, habite notre Seigneur.»
De même, il chantait souvent le chant suivant, lorsqu’il traversait la cour de la ferme : «Le ciel est à un endroit merveilleux, Jésus nous attend là-bas, tout ce qui est obscur est passé, le ciel est à un endroit merveilleux.»
En tant que famille et église, nous sommes très reconnaissants à Dieu pour la vie de Papa, car il laisse des traces de foi, d’espérance, de persévérance, de confiance, de fidélité, d’amour, de patience et de paix.
Encore une dernière parole sur ses préoccupations prioritaires, venant du cœur soucieux d’un mari, père, grand-père, oncle, responsable d’église et ami :
Les choses les plus importantes sont :
- d’avoir une relation profonde avec Dieu.
- d’avoir rencontré Jésus comme son Sauveur personnel.
- de vivre une vie qui plaît à Dieu.
- d’être conscients que nous devons tous une fois quitter cette terre pour se tenir devant Dieu et que c’est notre style de vie et son application, qui sera décisif .
Son plus grand désir, pour lequel il a prié des heures durant, même avec larmes, c’était que l’église, tous ses enfants, ses petits-enfants, les conjoints futurs de ses petits-enfants, de sa propre famille, de celles de Fred, de Martha et de Walter, fassent sérieux avec Dieu, le servant et l’aimant de tout leur cœur.
Mes chers, l’élément décisif, se retrouve à la clôture de notre vie et cette fin de notre vie sur cette terre, est empreinte de ma décision prise auparavant. Pour qui et pour quoi vais-je me décider?
Prenons notre vie au sérieux car si nous sommes ici, c’est que Dieu l’a voulu ainsi. Il veut vivre avec nous maintenant et particulièrement dans la gloire éternelle. Ceci est le plan de Dieu pour nous tous.
Cher famille, église, amis, suivons l’exemple d’un père, d’un ami, d’un berger, qui se confiait en Dieu et qui vivait pour lui, jusqu’au bout. Pour Papa, l’œuvre rédemptrice de Jésus à la croix et sa Parole, étaient le plus important. C’est pour cela mes chers, marchons en avant, regardons sur Jésus, dirigeons notre vie par lui et ayons une relation personnelle avec lui en attendant sur lui. Je sais que si Papa entendait ces paroles, il dirait un «AMEN» très fort, comme il le faisait toujours lors des cultes.
Chers petits-enfants, Papa vous avait tous gravés dans son cœur par les prières, car l’avenir de chacun ne lui était pas égal. Son plus grand désir était qu’il puisse rencontrer chacun de ses petits-enfants et aussi tous les enfants et petits-enfants d’Alfred (étant en partie aussi un peu leur père et grand-père) dans les demeures éternelles ; Papa attend chacun de nous.
Si quelqu’un est là et qu’il n’a pas encore accepté Jésus comme son Sauveur personnel ou si il est retombé en arrière dans sa foi, Jésus ne lui fait aucun reproche, mais il lui dit «Donne-moi ta vie!». Je termine en vous priant de vous poser cette question décisive : «Comment est ma relation avec Jésus» ?
Décidons-nous totalement pour Jésus, cela aurait été le plus grand désir de Papa.
Que Dieu nous bénisse tous !
Marcel Niederhauser
Traduction : Judith Amstutz, Courrendlin
Correct. et adapt. : Jean-Pierre Trachsel ; Lussy – APV
Laurence Monney ; Vauderens – APV