Les 500 ans de la Réforme – Que commémorons-nous au juste?
2017 marque les 500 ans de la Réforme. Notre pays a été au cœur de cette «révolution spirituelle».
Cette percée à travers les ténèbres a eu lieu grâce au courage d’hommes de Dieu tels que les pré-réformateurs John Wycliffe, Jan Hus et beaucoup d’autres, moins connus, ainsi que d’un homme comme Luther, à qui nous devons beaucoup, en dépit de ses zones d’ombre incontestables…
Durant cette période-clé de l’histoire, notre Dieu a permis une diffusion phénoménale de sa Parole, jusqu’alors dissimulée à la majorité du monde par l’institution catholique romaine.
C’est en 1535 que la première bible en français fut publiée à Neuchâtel, traduite par un cousin de Calvin qui mourut peu après, dans la fleur de l’âge, empoisonné à Rome. L’impression de la Bible Vaudoise d’Olivétan fut financée par de pauvres paysans de montagne persécutés depuis des siècles : les Vaudois du Piémont.[1]
D’UNE PART, donc, nous n’avons PAS LE DROIT DE FAIRE PREUVE DE LA MOINDRE ARROGANCE envers ceux qui ont payé le prix fort pour rendre la Parole de vie accessible à l’Europe.
D’autre part, mesurons notre enthousiasme en considérant ces quelques faits et réflexions :
- La Réforme, véritable action de Dieu à la base, a rapidement été récupérée pour servir des intérêts politiques, et par conséquent souvent imposée par la force, laissant dans de nombreux cœurs des traces indélébiles de résistance à l’Evangile encore perceptibles aujourd’hui.
- Les véritables disciples de Jésus-Christ ne sont pas «réapparus» au XVIe siècle grâce à la Réforme, après une éclipse de près de 1500 ans; leur histoire a tout simplement été éradiquée par la puissance politico-religieuse antichrist dominante. Pour preuve, cherchez la trace de nos authentiques frères et sœurs, entre la période des «pères de l’Eglise» et celle de la croisade contre les Albigeois; vous verrez ce qu’il en reste!…[2]
- Ceux qui restèrent attachés à la Parole comme ils l’avaient été dès les premiers temps évangéliques – probablement issus de cette ligne du sang laissée par les chrétiens fidèles –, furent atrocement mis à mort ou persécutés. Par exemple, les anabaptistes, noyés dans la Limmat par une partie de ladite «crème du peuple de Dieu» de l’époque : les protestants, en particulier les partisans de Zwingli.
- Enfin, que reste-t-il aujourd’hui du véritable christianisme, dans les hauts-lieux de la Réforme de notre beau pays, et même de notre beau continent? Genève, Zurich, Strasbourg, Prague?… Qu’est devenue la ligne radicale des pré- et des réformateurs? Leur non-compromis par rapport à la Bible? Que penseraient-ils du fait qu’on marie les homosexuels dans les édifices où ils ont naguère prêché l’Evangile au risque de leur vie?
Au lieu d’être une occasion d’introspection et de réflexion sur le fossé qui sépare l’évangélisme moderne du christianisme primitif, ou même du protestantisme ardent, la commémoration de la Réforme semble hélas plutôt prétexte au ratissage le plus large possible : ici, on lit sous une plume évangélique que Nicolas de Flue – «saint» béatifié puis canonisé ayant abandonné sa famille pour se consacrer à la méditation d’orientation mystico-ésotérique[3] – aurait posé les fondements du protestantisme et que sans lui, il serait impossible de comprendre la structure profonde de ce mouvement!… Là, on met en avant la tolérance, l’esprit d’ouverture et l’humanisme apportés par la Réforme, oubliant ce qui en a fait le cœur et la force : la prédication et le retour à la Parole de Dieu!!!
Commémorons le courage et la fidélité de ceux qui ont redonné accès à l’Europe et au monde à la Parole de vérité, mais n’oublions pas ce que le Seigneur a dit prophétiquement à l’Eglise de Sardes : (…) Je connais tes œuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort. Apoc. 3 : 1b
Prions que notre Dieu redonne vie aux os morts de ce qu’est devenu le protestantisme évangélique sous nos latitudes, ayant l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force (…). II Tim. 3 : 5a Sinon, nous commémorons une religion morte.
Natacha Niklaus
Rédaction et mise en forme : APV
Date de parution sur www.apv.org : 04.09.17
[1] Pour en savoir plus : Calvin et la Bible de l’Epée // Histoire illustrée de la Bible Olivétan.
[2] Pour en savoir plus : Une Pentecôte finale pour l’Eglise fidèle.
[3] (…) [Nicolas de Flue] qui, déjà avant de devenir ermite, avait des visions et se livrait à des méditations qui le rapprochent du mouvement médiéval des «Amis de Dieu» (Gottesfreunde) et des mystiques rhénans; (…) Dictionnaire historique de la Suisse, Nicolas de Flue // Les «Amis de Dieu» sont un groupe de mystiques laïques catholiques de l’époque médiévale. Wikipedia, Friends of God (A ne pas confondre avec les Bogomiles des Balkans.) // Wikipédia, Mystique rhénane.