Le dessein intelligent et/ou le créationnisme scientifique
Celui qui a planté l’oreille n’entendra-t-il point? Celui qui a formé l’œil ne verra-t-il point? (…) lui qui enseigne la connaissance aux hommes, [ne saura-t-il pas]? Ps. 94 : 9-10[1]
Bien que nous ayons publié de nombreux articles traitant du mouvement du «dessein intelligent», nous continuons à recevoir beaucoup de demandes de renseignements – aussi bien de la part de chrétiens que des médias séculiers – sur la position exacte d’ICR[2] par rapport à ce mouvement. On nous demande, en particulier, pourquoi les dirigeants de ce mouvement essaient continuellement de se distancer de nous, les créationnistes bibliques, alors que nos propres dirigeants sont également des scientifiques tout à fait crédibles, au même titre que les leurs.
Mais alors, pourquoi les médias, tout comme les establishments scientifique et légal, continuent-ils de soutenir que le dessein intelligent n’est qu’une forme déguisée de créationnisme, tout en accusant les gens du «DI» (dessein intelligent : ID = Intelligent design) d’essayer hypocritement de cacher ce fait? Par exemple, cette citation récente illustre assez bien l’attitude quasi universellement caractéristique de l’establishment scientifique moderne. L’auteur, un professeur en biologie à l’Université de l’Etat de New-York de Stony Brook, est un écrivain prolifique ainsi qu’un débatteur anticréationnisme.
Pour [le Dr Pigliucci], le dessein intelligent est «une version à peine voilée du créationnisme, une entreprise pseudo-intellectuelle qui n’a rien à voir avec la science ou la philosophie (et encore moins avec la bonne théologie), mais qui a tout à voir avec le fait d’introduire une part “religieuse” dans l’éducation scolaire publique»[3].
Bien qu’ayant perdu plusieurs débats création/évolution contre le Dr Duane Gish d’ICR, le Dr Pigliucci se considère manifestement comme une autorité en la matière.
En fait, il a tout au moins partiellement raison. Certains dirigeants du mouvement «DI» le considèrent franchement comme un «piton» avec lequel ils espèrent percer parmi l’establishment scientifique athée, afin que les enseignants puissent au moins reconnaître la création intelligente de la vie comme une possibilité.
Mais comme nous créationnistes l’avions prédit, ils trouvent maintenant ce résultat hautement improbable dans le meilleur des cas. La plupart des scientifiques sont catégoriques sur le fait que les systèmes et les processus scientifiques, y compris leur origine, doivent être strictement étudiés et enseignés sur une base naturaliste, sans prendre Dieu en considération.
Pour ceux qui croient vraiment en un Dieu omnipotent et sensé, cette attitude est erronée et absurde, même si le système juridique moderne est apparemment en accord avec elle. Même la Cour suprême des Etats-Unis semble partager ce point de vue, tout au moins en ce qui concerne l’enseignement de la science dans les écoles publiques.
Ce n’était pas le cas des pères fondateurs de la science. Des scientifiques respectés tels que Newton, Boyle et la plupart des autres croyaient tous en un dessein intelligent comme fondement même de la science, et il en était de même de nos premières écoles et universités nationales. En fait, la toute première édition du dictionnaire Webster (1828) définissait ainsi le mot «science» : «1. Au sens général, connaissance, ou connaissance certaine; la compréhension ou le discernement de la vérité ou de faits par l’esprit. La science de Dieu doit être parfaite.»
Il ne s’agit pas non plus d’une notion moderne. Celui qui a planté l’oreille n’entendra-t-il point? Celui qui a formé l’œil ne verra-t-il point? (…) lui qui enseigne la connaissance aux hommes, [ne saura-t-il pas]? (Ps. 94 : 9-10)[4] L’évidence d’un dessein intelligent en tout et partout est si manifeste que seul l’insensé dit en son cœur : il n’y a point de Dieu! (Ps. 53 : 2a), et ceux qui refusent de le voir et cherchent désespérément à l’expliquer d’un point de vue évolutionniste sont inexcusables (selon Rom. 1 : 20).
Les scientifiques et théologiens des générations passées ont souvent essayé d’organiser de façon plus formelle les éléments de preuve tels que l’analogie de «la montre et de l’horloger» de William Paley tirée de son célèbre livre Natural theology (1802). Et maintenant il y a Michael Behe et William Dembski, ainsi que d’autres scientifiques du mouvement «DI», qui ont une approche plus mathématique pour reconnaître un dessein au travers de concepts tels que la complexité irréductible ou autres.
Depuis ses débuts, ICR a insisté sur la nécessité d’un dessein intelligent dans ses arguments créationnistes. Le Dr Duane Gish a toujours soutenu qu’il était impossible que des créatures telles que le papillon et le scarabée bombardier[5] aient émané d’une fluctuation hasardeuse et d’une sélection naturelle. Il y a une génération, le Dr Bliss donnait une conférence au sujet des merveilles de la flagelle bactérienne[6] qui est maintenant devenue l’un des exemples favoris des théoriciens du dessein intelligent. Les créationnistes ont accueilli favorablement les idées et arguments du groupe «DI». En ce qui nous concerne, nous n’y voyons bien entendu aucun conflit avec le créationnisme scientifique car pour nous, il ne s’agit pas de création ou de dessein intelligent.
Cependant, les adeptes du «DI» (création par dessein intelligent) insistent sur le fait qu’il existe deux systèmes différents et que le dessein intelligent n’est certainement pas le créationnisme scientifique et encore moins le créationnisme biblique. Ils estiment préférable de laisser la Bible et le Dieu de la Bible complètement en dehors du débat. Certains pensent même que l’évolution est acceptable, pour autant qu’il ne s’agisse pas d’évolution darwinienne athée. Ainsi, l’évolution théiste est assez compatible avec le dessein intelligent (Michael Behe lui-même reconnaît être un évolutionniste). Et certains (comme p. ex. William Dembski) prétendent que le créateur ne doit pas nécessairement être de nature divine!
Ils soutiennent, bien sûr, qu’une telle flexibilité est nécessaire pour répandre un tant soit peu le concept de la création dans l’arène publique. Cependant, il est désormais également de plus en plus évident que l’enseignement du «DI» ne sera jamais non plus autorisé dans les écoles publiques, indépendamment de son degré de compromission.
Et quel bienfait en retirerait-on de toute façon? Si le système du «DI» doit être édulcoré au point de devenir acceptable par toute religion ou philosophie, excepté par l’athéisme pur, alors à quoi bon?
Croire en de faux dieux ou déesses et adhérer à un système de pratiques sectaires est-il préférable à la croyance et à la pratique d’un humanisme séculier athée? Posons-nous la question!
Nous trouvons navrant que les écoles et universités ferment actuellement leurs portes, non seulement aux orateurs du «DI», mais également – probablement par une relation de cause à effet –, au créationnisme authentique. Dans le passé, les créationnistes défendant l’idée d’une Terre jeune étaient fréquemment invités à participer à des débats et séminaires sur les campus universitaires. Nos conférences et discussions étaient toujours focalisées sur les preuves scientifiques avant tout, mais dans le même temps, nous ne dissimulions jamais notre croyance en Dieu et en la Bible. Et Dieu a béni la vie de nombreux étudiants au travers de ces événements.
Il existe un autre facteur très important à garder à l’esprit. En tant que chrétiens, nous devrions être plus préoccupés de gagner des âmes pour l’éternité que d’être écoutés dans les débats publics. Et combien est-il plus important d’honorer sans réserve la Parole de Dieu, qui toujours subsiste dans les cieux (Ps. 119 : 89b), que de gagner des âmes pour Christ. Un jour, toutes les écoles auront disparu, et même le ciel et la terre passeront, mais sa Parole ne passera pas (selon Mat. 24 : 35).
Pourtant, en essayant d’argumenter sans la Bible, les théoriciens du dessein intelligent ignorent l’aspect le plus important de toute la question, à savoir l’histoire de la vie sur terre. Après tout, le problème création/évolution est bien plutôt une question d’histoire que de science. Non pas : «Les choses auraient-elles pu se produire comme énoncées dans la théorie de l’évolution?», mais plutôt : «Se sont-elles produites ainsi?» Les évolutionnistes semblent penser que Darwin a prouvé que la sélection naturelle pouvait expliquer toutes les «preuves» incroyables d’un dessein présent dans la nature [l’opposé d’un dessein intelligent][7]. Selon eux, être capable d’imaginer la façon dont un organisme aurait pu évoluer prouve qu’il a évolué ainsi. Ils aiment à proclamer que tout événement impossible aura lieu, un jour ou l’autre; que c’est une question de temps.
Or le rapport historique réel dit que la macroévolution n’a pas eu lieu : aussi bien le rapport écrit de la Parole révélée de Dieu que le rapport inféré (déduit) à partir des fossiles et des nombreuses preuves scientifiques défendant l’idée d’une Terre jeune (cette dernière affirmation étant fortement renforcée par les récents résultats du projet ICR/CRS[8] RATE[9] ).
Si le mouvement du dessein intelligent ignore cette preuve historique – en particulier celle de la Bible – il ne pourra jamais réussir seul. Et ainsi, pendant ce temps, l’attention des chrétiens est détournée des arguments beaucoup plus convaincants du créationnisme biblique scientifique, ce qui fait tragiquement obstacle à un véritable témoignage pour Christ et la Bible.
Nous louons sincèrement les scientifiques du dessein intelligent pour les nouveaux arguments et preuves remarquables qu’ils ont apportés à l’approche traditionnelle de ce domaine, mais nous prétendons que la question ne doit pas en rester là. Le témoignage biblique est de toute première importance, sans parler de la très solide preuve scientifique d’une création récente et d’un déluge planétaire.
Puisque ces derniers événements ne peuvent pas être prouvés scientifiquement (n’étant pas reproductibles), ils peuvent toujours être expliqués au besoin, et cela a certainement plus de poids que les «preuves scientifiques» de l’uniformitarianisme évolutionniste (ces preuves ne sont pas reproductibles non plus!) La seule façon dont nous pouvons être absolument sûrs de ce qui s’est passé dans les temps préhistoriques, c’est qu’une personne digne de confiance qui s’y trouvait nous raconte ce qui est arrivé.
C’est exactement ce que nous offre la Parole révélée de Dieu. Mais les évolutionnistes refusent de croire en Dieu et les théoriciens du dessein intelligent l’ignorent [Dieu][10]. Tous deux sont dans l’erreur.
Et si les responsables des écoles n’écoutent pas?… Nos premières institutions nationales étaient des écoles à la maison et des établissements chrétiens privés, lesquels dispensaient une éducation du plus haut niveau, dans l’histoire des nations, dans les domaines de l’alphabétisation et de la morale. Or il n’y a aujourd’hui aucune garantie légale de pouvoir enseigner la Bible dans les écoles contrôlées par le gouvernement, lesquelles devraient probablement plutôt être considérées comme des champs missionnaires que comme des centres d’éducation. On peut pratiquement en dire autant des écoles religieuses sécularisées. Les parents concernés ne devraient pas leur confier la santé spirituelle et éducationnelle de leurs enfants.
En résumé, je crois personnellement que le mouvement du dessein intelligent est bon, dans une certaine mesure, mais qu’il lui manque une vision du monde valable, efficace et utile. Il ne devrait pas s’agir de dessein intelligent versus créationnisme, mais plutôt du dessein intelligent expliqué, développé et confirmé par le créationnisme biblique scientifique.
Dr Henry M. Morris, fondateur et président émérite d’ICR
Source : Journal de l’Institut pour la recherche sur la création (Institute for Creation Research)
Back to Genesis, Numéro 208 – 04.06
Titre original : Intelligent design and/or scientific creationism
Traduction française : APV
Date de parution sur www.apv.org : 21.09.09
[1] Nous utilisons ici la version française Darby, qui nous paraît dans le cas particulier la plus proche de l’anglais : He that planted the ear, shall He not hear? He that formed the eye, shall He not see? (…) He that teacheth man knowledge, shall not He know? Mais la dernière partie du verset n’apparaît pas dans la version française : lui qui enseigne la connaissance aux hommes, ne saura-t-il pas? – N.d.t.
[2] Institute for Creation Research (Institut pour la recherche sur la création) – N.d.t.
[3] Massimo Pigliucci, More than you ever wanted to know about Intelligent Design («Plus que ce que vous avez toujours voulu savoir au sujet du dessein intelligent»), Evolution, vol. 59, décembre 2005, p. 2719.
[4] Nous utilisons ici la version française Darby, qui nous paraît dans le cas particulier la plus proche de l’anglais : He that planted the ear, shall He not hear? He that formed the eye, shall He not see? (…) He that teacheth man knowledge, shall not He know? Mais la dernière partie du verset n’apparaît pas dans la version française : celui qui enseigne la connaissance aux hommes, ne saura-t-il pas? – N.d.t.
[5] Insecte coléoptère d’Europe qui, lorsqu’il est menacé, produit une légère détonation en projetant par l’anus un liquide acide. – N.d.t.
[6] Filament mobile servant d’organe locomoteur à certains protozoaires, au spermatozoïde. – N.d.t.
[7] N.d.t.
[8] Creation Research Society (Société de recherche sur la création) – N.d.t.
[9] Radioactivity and the age of the earth (Radioactivité et âge de la Terre) – N.d.t.
[10] N.d.t.