L’Evangile en Bretagne – Episode 3 / 4

Le Garrec lui-même continue à narrer l'évangélisation mouvementée de Quiberon : d'une part, la soif de l'Evangile de la majorité des habitants de l'île et, à l'opposé, les efforts zélés du clergé pour l'empêcher d'annoncer la vérité, allant jusqu'à utiliser ses proches parents catholiques pour le persécuter physiquement et moralement.
Projet de Dieu_Type

L’Evangile en Bretagne

Episode 3 / 4

 

Le récit d’Elisée Le Garrec se poursuit…

«Elle me reçu à la manière des catholiques fanatiques avec des mots de la plus grande impolitesse. Entre temps sa fille qui rentrait des vêpres, son livre de prières sous le bras, fit immédiatement de son mieux pour égaler sa mère dans ses insultes. Les deux ensembles m’accablèrent de grossièretés au nom de la Sainte Vierge et de Saint-Antoine de Padoue sans que je puisse placer un mot, sans espoir de me faire comprendre. Je m’éloignai en disant que je prierais Dieu de leur pardonner leurs torts; il en était temps d’ailleurs, car ma parente avait pris en mains un balai et menaçait de me lancer dans les jambes un seau d’eau qui se trouvait là.

Devant les maisons avoisinantes un groupe de femmes s’é­taient rassemblées, lesquelles m’accablèrent d’un véri­table flot de vulgaires insultes, accompagnés de gestes encore plus vulgaires. Elles étaient venues de Quiberon; Dieu soit loué, je ne perdis pas ma présence d’esprit, et comme les gens sor­taient dans la rue à tel point qu’elle fut noire de monde, je mis à propos cette occasion de leur annoncer le jour et l’heure de ma première conférence.

Le cœur ému, je quittai ce lieu où j’avais porté l’opprobre de Christ, heureux d’avoir dès le premier jour à en supporter quelquechose pour son nom.

Je continuai jusqu’à Portivy, village bâti sur de sauvages rochers au bord de la mer, repassant dans mon esprit les paroles : “L’esclave n’est pas plus grand que son maître. Vous êtes bien heureux quand on vous injuriera, et qu’on dira en mentant toute espèce de mal contre vous à cause de moi. Réjouis­sez-vous et trésaillez de joie…”[1]

A Portivy, je trouvai dans la rue beaucoup de gens qui me reconnurent et m’assurèrent [de] leur sym­pathie et de leur intérêt. Enfant j’avais habité plusieurs années dans ce village avec mon père. Tous ceux que je trouvais en chemin avaient mon programme en main.

J’avais déjà l’impression, et ne me trompais pas, que le bruit de ma courte visite à Saint-Pierre s’était rapidement répandu.

Je restai un instant dans la rue principale du village et fut bientôt entouré d’anciens amis et d’une quantité d’enfants qui paraissaient attendre un mot de moi. Je leur dis que dans notre maison de Paris, chaque jeudi et di­manche, beaucoup d’enfants de leur âge venaient, auxquels je parlais de Jésus-Christ. Les pauvres petits m’écoutaient bouche-bée.

“Oh mon Dieu, soupirai-je, quand aurai-je la joie de rassembler dans une salle des environs, parents et enfants pour leur annoncer ton grand amour qu’ils ne connaissent pas?”

La nuit était là quand je revins à Port-Maria; je m’entendis aussitôt avec le crieur public pour que dans tout le diocèse il soit publié que la première conférence aurait lieu le lendemain à 7 heures du soir. Le dimanche je me montrai dans les rues de Quiberon et Port-Maria la tête haute, autrement que lorsque j’étais encore dans l’esclavage de Rome. Je pensais à l’importance de ce que j’avais entrepris, et à ma responsabilité devant ce peuple esclave du clergé, et auquel je voulais apporter le joyeux mes­sage.

Les gens qui me voyaient n’auraient jamais reconnu en moi l’ancien moine qui, d’un pas craintif, les mains enfouies dans les larges manches de son froc, se glissait dans les rues les yeux baissés vers la terre.

Tout était maintenant prêt pour ma première conférence sur les différents événements de ma vie religieuse.

J’entrai vers 7 heures dans la salle par une porte latérale accompagné du représentant du directeur du Casino. Les portes principales furent alors ouvertes et le public impatient qui attendait au dehors depuis près de deux heures se précipita à l’intérieur, chacun faisant ses efforts pour arriver près de la tribune.

Comme le conférencier se montrait il fut salué par les enthousiastes applaudissements d’environ mille-cinq-cents personnes. En vain les cléricaux firent entendre quelques sifflets; les applaudisse­ments continuèrent.

Je réclamai le silence par signes et, pour obéir à la loi, procédai à l’élection d’un bureau. Mon­sieur Chouard, maire de Quiberon, fut proposé et nommé prési­dent à l’unanimité; je m’occupai à nom­mer un vice président, quand le président qui, en qualité de com­misaire de police, désirait rester dans la salle, me pria de com­mencer ma première conférence.

 

Ma première conférence à Quiberon

J’ouvris ma première conférence dans une atmosphère d’orage qui pour un rien aurait pu devenir dange­reuse. Je crus bien faire de commencer par attes­ter mes paisibles intentions et dis : “Avant tout, je suis un homme de paix, et ne suis pas venu au milieu de vous pour élever le flambeau de la discorde entre des frères qui se doivent l’amour. Jésus-Christ a apporté la paix à l’humanité et je suis son serviteur.” Je répétai bien vingt fois ces mots pendant mon séjour à Quiberon pour faire comprendre à mes auditeurs quels é­taient mes sentiments pour eux.

Après quelques minutes, je fus soudainement interrompu par des cris et d’incessants sifflements; je voyais tout à fait à l’arrière plan quelqu’un balançant un énorme gourdin. En même temps apparut du même côté un chapeau de prêtre au milieu d’une troupe de femmes criant à pleine voix.

On aurait pu se croire dans une ménagerie. Sous le chapeau apparut un visage congestionné par un zèle enflammé, des bras gesticulèrent et d’horribles injures me furent adressées.

Si j’avais pu avoir jusqu’ici des doutes sur les intentions des cléricaux qui se trouvaient dans la salle, ils m’étaient maintenant ôtés. Ils étaient là pour m’empêcher de parler et pour y arriver mieux, ils a­­vaient fait venir d’Auray des renforts. Ils sentaient que mes paroles sur la chré­­tienté remuaient les cœurs, réveillaient les consciences et finalement les dé­ta­chaient de l’église et des prêtres. Et ils ne pouvaient pas considérer tran­quil­­­lement ce désastre. “S’il parle, disaient-ils naïvement, nous sommes per­dus!”

Heureusement, ils n’étaient que quelques douzaines tandis que la majorité pro­testait contre leur manière de faire. Dans le but d’exciter les fidèles éparpillés dans la salle le prêtre se glissait de place en place malgré les protestations et, bien que le public se pressât si étroitement, qu’à peine pouvait-on circuler. Le pré­sident était tantôt ici, tantôt là, beaucoup de gendarmes étaient de service, mais ils paraissaient plutôt approuver les manifestants et les exciter que les cal­mer.

Cependant, grâce aux efforts du président, l’ordre renaissait partout. Comme un des gendarmes priait une femme furieuse et gesticulante de se tenir tranquille, elle le mordit à la main aussi fort qu’elle put. On comprendra que dans ces conditions, au milieu des cris de rage des uns, des protestations des autres, dans cette multitude en effervescence, il m’ait été difficile de me faire entendre.

 

Je pus néanmoins amener à bonne fin ma causerie de deux heures et conter à traits raccourcis l’histoire de ma sortie de l’église romaine et des événements qui l’avaient précédée; tout échauffé d’avoir si longtemps parlé[2], la multitude éleva un appel prolongé : “Parlez, parlez, nous voulons tout savoir!”

Pendant ce temps, le prêtre au chapeau avait réussi à se pousser jusqu’à la tribune et continuait à m’insulter et à me menacer de son poing tendu avec tout le cynisme qu’un prêtre seul peut posséder. Je le pressai de gravir la tribune, lui promettant la liberté de par­ler. Comme il n’avait sans doute pas de quoi me contredire il refusa mais continua néan­moins à me maudire sans discontinuer; là dessus il arriva quelques hommes le poussant de force le portèrent sur la tribune[3]; il ne voulut pourtant pas perdre la parole, cherchant plutôt à se venger sur moi; me prenant par le bras, il me criait à l’oreille les plus grossières in­sultes. Dieu soit loué, je me comportai tranquillement et me tirai de côté. Comme il me poursuivait encore, la colère de la foule arriva à son paroxysme et il fut couvert de huées.

Il vit bien que la situation se tournait franchement contre lui et que s’il continuait son obstruction, le président ne pourrait pas empêcher la foule de l’expulser; aussi il prit le parti de s’assoir.

Il est compréhensible que les prêtres aient fait leur possible pour étouffer la voix de la vérité; mal­gré leurs efforts Dieu eut le dernier mot. J’ai pu esquisser à mes concitoyens les motifs fon­damentaux qui m’ont obligé de sortir de l’église papiste et de l’Ordre des fran­ciscains. J’ai pu les convaincre que la paix du cœur que nous cherchons instinc­tivement se trouve seulement dans la communion avec Dieu et que je n’a­vais trouvé cette paix que dans l’Evangile de Jésus-Christ, lequel est le juge­ment de l’é­glise romaine.

Et j’adjurai mes auditeurs de rompre avec le passé comme je l’avais fait et de me suivre sur le même chemin.

A la fin de la conférence je priai mes assistants de fixer eux-mêmes le jour de la prochaine. “Demain, demain!” criait-on de tout côtés; le peuple avait soif de la vérité.

On s’éloigna lentement. Le prêtre et sa suite ne pouvaient me pardonner d’être arrivé à parler. Ils m’at­tendaient à la sortie et m’ayant barré le chemin m’insultèrent et me menacèrent.

Une jeune fille se glissant derrière moi essaya de me faire tomber en tirant ma redingote. Rien de ce qui fut entrepris contre moi de ce côté me surprit car le vieil homme n’est-il pas capable de tout?

 

Deux aimables parents

Je me suis assez étendu sur le cours de ma première rencontre avec les gens de Quiberon; je parlerai donc moins longuement des autres conférences qui présentèrent à peu près le même aspect. Chaque fois le vicaire était sur place avec sa suite et leurs sifflets mais dorénavant ils se gardèrent bien de se montrer dans la salle mais restèrent prudemment dehors.

L’auditoire se présentait chaque jour plus nombreux et la salle était chaque soir si bondée que beau­coup ne pouvaient entrer et restaient devant la porte.

Parmi les hommes on voyait aussi maintenant des femmes que le résultat de la pre­­mière conférence avait encouragée à venir dans la réunion du mardi; à la fin de la conférence un capitaine de la marine marchande, président du conseil d’église, prit la parole; il me rappela ma vie d’autrefois si édifiante alors que j’étais curé à Quiberon et me pria de ne pas troubler plus longtemps les bonnes âmes que j’avais édi­fiées autrefois.

“Nous sommes dans l’erreur, dit-il, soit, mais comme nous nous sentons heu­reux ainsi, laissez nous notre paix, allez vous en; entre vous et moi, s’étend un abîme.”

J’usai de mon droit de réponse et l’assurai que si je haïssais l’erreur, je l’aimais lui per­­son­nellement à l’exemple du Seigneur qui haïssait le péché mais aimait le pécheur.

Le soir où je parlais de la confession il y avait bien deux-mille auditeurs dans la salle; au dehors peut-être autant. Les mots suivants furent particulièrement applaudis : “Dieu m’a toujours gardé, en confession, d’être un conseiller d’immoralité; jamais je n’ai servi le mémento du confesseur dans mes questions difficiles. Celui à qui j’aurais pu être en scandale, qu’il élève ici la voix contre moi.” Une tempête d’applaudissements suivit ces mots.

Le dernier jour arriva. Contrairement à mon habitude j’avais annoncé le commencement de la réunion pour 3 heures après midi. Je voulais voir si en plein jour aux yeux de tous on aurait le courage de rendre témoignage à la vérité. Jamais je n’oublierai cette réunion du 13 décembre 1903; elle fut par­ticulièrement annimée. A chaque service le prêtre avait indiqué le sentier de l’honneur à ses fidèles : être tous présents aux vêpres et le suivre ensuite au Casino pour couvrir la voix du réprouvé et effacer l’impression que ces réunions blasphématoires pouvaient laisser. D’autre part le bruit avait couru toute la journée que le sénateur M. de la Marzelle était venu pour s’opposer à l’orateur et qu’on avait vu descendre à la station mon propre frère l’abbé Eugène Le Garrec, recteur de Meudon, qui devait au nom de l’église m’anéan­tir par les saints dogmes.

J’eus déjà quelques difficultés, seul comme j’étais, lorsque je voulus à 3 heures entrer au Casino. La cour de la place Hoche et les rues y aboutissant étaient noires de monde si bien qu’on pouvait se demander si toute la po­pu­lation de la presqu’ile n’é­tait pas rassemblée ici. Au mo­ment où je m’apprêtais à entrer par ma porte ha­bituelle, une vieille femme qui s’était cachée derrière un groupe de gens se précipita sur moi, s’ac­cro­chant à ma re­din­­gote, et cria de toutes ses forces qu’elle mour­rait bien­tôt et que je serais son meurtrier si je ne m’en retournais pas et ne renonçais pas à tenir la réunion. On me délivra de cette femme qui était ma tante, la sœur de ma mère; elle me maudit.

Cette rencontre quelques minutes avant la réunion me prit par surprise. Ma tante venait de me rappeler un heureux passé; je voyais devant moi mon père, ma mère, tous ceux que j’ai aimé. Bien que cette évocation me fût particulièrement douloureuse, je dus comprimer mes larmes et me ressaisir. Ce n’é­tait pas le moment de pleurer, mais de combattre.

Les prêtres qui avaient amené ma tante, une vieille femme d’au moins 80 ans, savaient bien ce qu’ils fai­saient. “Il n’y résistera pas, pensaient-ils; en lui rappelant au moment décisif le souvenir de ses parents défunts, il perdra courage. De notre côté, nous pour­rons agir sur la foule et nous aurons gagné!”

Mais Dieu m’assista et réduisit leurs plans à néant.

Je me tins à l’arrière de la tribune, entouré d’amis et attendis que le président m’appelât pour prendre la parole.

Mon frère le prêtre avait réussi à monter sur l’estrade et s’installa comme s’il était le seul maître de la maison.

Il comptait sans doute que son habit le protègerait et qu’à la faveur de sa soutane il pourrait entraîner le peuple. Mais le tapage devint général. Comme il prétendait contre la volonté de tous conserver sa place, le président lui ordonner catégoriquement de descendre. Il s’assit alors sur l’escalier de la tribune à côté de ma tante. De continuels et enthousiasmes[4] applaudissements me saluèrent quand je m’avançai.

La foule n’avait pas changé son attitude envers moi, et malgré mon frère, ma tante et les autres prêtres qui apparaissaient au grand complet, elle se comportait aujourd’hui comme les jours précédents; néanmoins, j’étais encore profondément remué de me voir à côté de mon frère et de ma tante. Pendant toute la réunion mon frère s’efforça de me déranger par des réflexions à haute voix, des gestes et par toute son attitude.

Ma tante de son côté me criait inlassablement des injures. Quand je passai auprès d’elle, elle essaya de m’attraper par mon habit, et comme elle ne pouvait m’atteindre avec la main, elle essaya de le faire avec son parapluie. C’était in­­té­­­ressant! en ce qui concerne ces deux aimables parents qui auraient vo­lon­­tiers demandé ma mort.

Dieu m’assista. La foule des auditeurs ne pouvait voir sur mon visage combien je souffrais, mais mon frère le vit et redoubla ses efforts pour m’interrompre. Ma tante et lui aperçurent les larmes que je comprimais et leur cœur n’en fut pas ému de pitié!

Malgré tout, j’apportai au peuple le message que Dieu m’avait confié et je pus opposer l’amour de Christ à la haine de mon frère, de ma tante et de tout le clergé; leur indigne conduite me donna l’occasion de m’écrier sans é­prou­ver de résistance :

“Je suis chrétien parce que Dieu a fait de moi un nouvel homme, car je ne suis plus l’homme que vous aviez connu; mon cœur est attaché au cœur de Dieu par les liens de l’amour divin, tandis que vos prêtres qui sont ici parmi vous n’ont aucune religion dans le cœur; ce matin, de bonne heure ils ont lu la messe, ils ont donné l’absolution et ce soir, comme vous voyez, ils me menacent, m’insultent; ils désireraient me brûler; et demain ils feront comme aujourd’hui, c’est pire. Ils n’ont pas de religion, pa­­reillement ces pauvres femmes qui ont aveuglément suivi le prêtre dans cette salle n’ont pas de re­ligion. Les paroles du confesseur résonnent encore dans leurs oreilles, à peine ont-elles reçu l’hostie de la Sainte Messe que leurs bouches se répandent en malédictions. Elles foulent aux pieds la parole de Jésus : ‘Aimez-vous l’un l’autre!’[5] Elles n’ont pas de religion. La multitude accueillit ces mots avec un tonnerre d’applaudissements et dans la salle entière résonna de nouveau : ‘Ils n’ont pas de re­li­gion!’”

Pour ôter aux prêtres toute possibilité de se méprendre sur le sens de cet effet oratoire je fis un nouvel effort et continuai : “Vous avez devant vous vos prêtres et moi, ils représentent les superstitions romaines, l’esclavage, un Dieu de crainte. Jésus est le représentant de l’Evangile, de la liberté et de l’amour de Dieu. Qu’il n’y ait pas d’équivoque entre nous, choisissez entre moi et eux, entre l’Evangile et l’erreur, entre Jésus-Christ et Bélial!”

Il n’est pas possible d’exprimer avec des mots ce qui se produisit alors. Toutes les mains s’élevèrent pour des applaudissements sans fin parmi lesquels on per­cevait des appels qui n’étaient pas à double sens : “Nous ne voulons plus être catholiques, nous voulons être chrétiens!”

Là-dessus mon frère s’annonça pour prendre la parole, ce qui lui fut accordé. Mais le public ne voulut pas l’entendre et il n’aurait pu prononcer un mot si je n’avais moi-même par signes réclamé le silence pour lui. Au lieu de me suivre sur le fondement de la parole de Dieu mon frère ne sut mieux faire que proférer contre moi une vile calomnie. “Cet homme, dit-il, que vous ve­nez d’entendre a été maudit par sa mère sur son lit de mort.” Mais ces mots manquèrent l’impres­sion escomptée et l’aversion de la multitude, au lieu d’être pour moi, se tourna contre lui. Une explo­sion de colère bouillonna dans la salle à tel point qu’il dût s’arrêter.

Croyant de sérieux désordres le président leva la séance et de mon côté, je fis signe aux gens de s’éloigner car il était à craindre que les prêtres fussent malmenés tant était grande l’excitation.

Les cléricaux qui avaient attendu au dehors ne perdirent pas l’occasion de faire du tapage et de crier leur répertoire habituel.

Dans la salle, auprès de la tribune, un des vicaires en était venu aux mains avec un homme dont il avait brutalement maltraité le jeune frère.

Tout près de moi sur l’estrade, mon frère essayat de commencer un discour bien que la réunion soit terminée, et dans sa colère me nomma hérétique.

Ma tante ne perdait pas son temps non plus, armée de son parapluie, elle me poursuivait autour de la table, malgré la faiblesse de son âge, et essayait de m’atteindre aux yeux avec la pointe de son parapluie; ce fut une chasse folle. Quand je quittai le Casino, je me trouvai en face de mon frère qui avec sa suite me barrait la route. Il paraissait enragé.»

Par leur conduite à l’occasion de mes conférences les cléricaux avaient perdu sans retour la considé­ration publique…

 

A suivre…

 

Korzle

Traduction libre de l’auteur

Retranscription et mise en forme : APV

Date de parution sur www.apv.org : 24.09.18

 

[1] N.d.l.r. : Selon Jean 15 : 20 et Mat. 5 : 11, 12 (version non identifiée).

[2] N.d.l.r. : Tournure correcte probable : «Alors que j’étais tout échauffé d’avoir…».

[3] N.d.l.r. : Tournure correcte probable : «là-dessus il arriva quelques hommes qui, le poussant de force, le portèrent…».

[4] N.d.l.r. : Probablement : «enthousiastes».

[5] N.d.l.r. : Selon Jean 13 : 34.

Article écrit par Korzle E.

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