Des experts polémiquent sur le port du masque

Un professeur émérite en immunologie de l'Université de Berne questionne l’efficacité des masques dans les cas de virus respiratoires et s'interroge sur le bien-fondé des mesures anxiogènes prises par la Suisse.

Des experts polémiquent sur le port du masque

 

Alors que les autorités rapportent une légère hausse des cas de coronavirus, de nouvelles mesures ont été imposées. Des spécialistes s’interrogent sur leur pertinence et les informations transmises à la population. Pour certains, l’augmentation des cas pourrait être artifi­cielle et le port du masque excessif. – Controverse.

 

«L’augmentation des cas de Covid-19 en Suisse est artificielle», assène d’emblée Beda M. Stadler[1], professeur et ancien directeur de l’institut d’immunologie médicale de l’Université de Berne. Alors que de nouvelles mesures sont imposées en Suisse, l’expert marque son incompréhension. «Jusqu’ici, les autorités ont toujours communiqué à la population ce qui était scientifiquement juste, mais au­jour­d’hui nous sommes confrontés à des spécialistes quasi-religieux, avec qui il est impossible de discuter», déplore-t-il.

 

Psychose

Pour lui, le coronavirus serait donc devenu une affaire de foi… Pour d’autres, carrément une psy­chose. C’est en tout cas l’avis de l’anthropologue et spécialiste de la santé publique, Jean-Dominique Michel, qui condamne une absence de prise en considération des réalités. «Nous avons affaire à une aug­­men­tation des cas qui n’est pas contrastée du tout, ni exponentielle et bon nombre d’informa­tions complémen­taires ne sont pas données à nos concitoyens», tranche le sulfureux trublion du Covid-19. L’une de ces informations sujette à controverse, c’est justement le nombre de tests effec­tués. Selon les chiffres transmis par l’Office fédéral de la santé publique, ce chiffre est passé d’environ quatre-mille tests quotidiens à plus de dix-mille, depuis la dernière semaine du mois de juin. Une réalité que le professeur d’immunologie de l’Université de Berne n’hésite pas à interroger :

«Durant les deux premières semaines du déconfinement de juin, la task force de la Confédération n’a presque pas travaillé. Puis, tout à coup, elle s’est mise à augmenter le nombre de tests et à alerter sur une hausse des cas, pourtant concomitante. C’est une bêtise et je me demande qui a pris la décision politique de soutenir cette méthode. Le seul moyen de savoir si les cas augmentent vraiment serait de redescendre à quatre-mille tests par jour.»

 

Contacté, l’Office fédéral de la santé publique n’a pas souhaité commenter ces propos. Et cela, alors que l’inquiétude sur la résurgence du virus reste vive.

 

Pas de risque de deuxième vague

«Aujourd’hui, le risque d’une deuxième vague est quasiment nul. En plus, l’immunité dans la popula­tion est beaucoup plus élevée que ce que l’on nous dit», corrige Beda M. Stadler. Des déclarations fortes qui s’appuient, selon le spécialiste, sur une cinquantaine d’études qui ont révélé une immu­nité au sein de la population, acquise en combattant d’autres infections semblables au coronavirus.

 

Pour autant, le virus ne tend pas à disparaître, selon Beda M. Stadler qui affirme même que le Covid-19 reviendra dès l’automne car il se comporte comme un virus sai­sonnier. Pour preuve, l’arrivée de l’hiver en Amérique du Sud a fait exploser soudai­nement le nombre de cas. «Mais il faut préciser que le virus reviendra de façon beau­coup moins virulente car il est en train de muter. Cela est à l’évidence le cas aux Etats-Unis où le nombre d’infections augmente fortement, sans que cela n’affecte la courbe des décès», pointe-t-il.

Des mesures anxiogènes

Dès lors, si la situation n’est pas si inquiétante, pourquoi les autorités continuent-elles de prendre des mesures drastiques? «Aujourd’hui, personne ne sait réellement quelles ont été les mesures qui ont fonc­tionné. Je crois que nos autorités sont en train de chercher celles qui justifient le ralentisse­ment de l’épidémie afin de s’en attribuer le succès», soupçonne ouvertement le professeur en im­mu­no­logie.

 

Selon Jean-Dominique Michel, ces nouvelles mesures sont carrément surprenantes : «Autant je comprenais que dans l’urgence et l’incertitude on puisse prendre des mesures vigoureuses. Autant il n’existe à mes yeux aucune raison objective d’imposer quoi que ce soit aujourd’hui. Le fait de voir les mesures d’exception se cristalliser sur la durée est inquiétant», rapporte l’anthropologue célébré par les uns, décrié par les autres. Dans son viseur? Notamment l’obligation du port de masque imposée dans les transports publics par la Confédération et dans les magasins, par cer­tains cantons.

 

«J’ai toujours été en faveur du port du masque pour les gens qui présentent des symptômes. Mais l’imposer dans les transports publics est vraiment ridicule et inutile. La population est naïve de croire que c’est efficace car on sait que cette mesure n’évite qu’environ 1% des transmissions», attise de son côté Beda M. Stadler.

 

Une cohorte d’études comparatives, analysées par le professeur en physique canadien, Denis Rancourt, va dans le même sens. Selon le physicien, les ré­centes études qui démontrent l’efficacité des masques dans les cas de virus res­pi­ra­toires sont biaisées et ne prennent pas en compte le mode de trans­mission par aérosol. «Le port du masque aura surtout pour effet de faire da­van­tage pani­quer la population en lui faisant croire que le danger est à chaque coin de rue», conclut Jean-Dominique Michel. Vrais ou faux, ces propos alimentent déjà une vive polémique.

 

 

Joachim Tapia Almosnino

Source : Site internet GHI – 21.07.20

Mise en forme : APV

Date de parution sur www.apv.org : 14.09.20

[1] Beda M. Stadler, est professeur émérite en immunologie de l’Université de Berne.

Article écrit par Tapia-Almosnino Joachim, Trachsel Jean-Pierre

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