La communion fraternelle en application

Le terme «koinonia» et ses dérivés ne désignent pas un concept abstrait ou uniquement spirituel de la communion fraternelle, mais souvent, au contraire, des relations sociales et économiques très concrètes entre les chrétiens.
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Table des matières

La communion fraternelle en application

Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. Actes 2 : 42

 

Compagnons d’œuvre

En guise d’introduction aux dimensions que nous sommes appelés à vivre ensemble en tant que chré­tiens, savez-vous ce qu’est un compagnon, quelle est l’origine de ce mot?

 

Il est formé du latin cum (avec – préf. con-) et de panis (pain). Donc, littéralement, un compagnon c’est : «celui avec qui l’on partage le pain».

 

Il faut considérer cela dans la compréhension de ce qu’était le pain autrefois [aliment de base vital]. Un compagnon est donc celui avec qui l’on partage ce qui est nécessaire à la vie.

 

A la redécouverte de la communion fraternelle

L’une des dimensions qui caractérisaient les premiers chrétiens de Jérusalem était la communion fraternelle. Ils persévéraient dans la communion fraternelle. Ils persévéraient dans la koinonia.

 

  • Qu’est-ce que cela signifiait pour eux?
  • Qu’est-ce que cela signifie pour nous aujourd’hui?
  • Comment est-ce que nous nous représentons cette dimension?
  • Quelle image avons-nous de ce que devrait être la communion fraternelle?

 

Si notre conception de la communion fraternelle se limite à un petit moment de partage agréable avec un frère ou une sœur autour d’une tasse de café, alors nous avons besoin de réactualiser certaines réalités bibliques présentes dans la dimension de la koinonia telle qu’elle se vivait par les premiers chré­tiens, après qu’ils aient été remplis du Saint-Esprit.

 

Voici quelques éléments pour rafraîchir notre compréhension de la communion fraternelle et surtout susciter des applications très concrètes et ciblées.

 

Dans le passage susmentionné, l’expression «communion fraternelle» est donc la traduction du grec koinonia. Ce terme, ainsi que les autres mots qui dérivent de la même racine, font référence à des notions de partage et d’expérience commune.[1]

 

La lecture des différents passages bibliques où ces termes se retrouvent nous fait clairement savoir que la communion fraternelle ne se réduit pas à un concept abstrait ou à une sorte de sentiment d’unité «planant quelque part dans les nuages de nos pensées».

 

Au contraire, nous voyons que ces mots désignent souvent des relations sociales et économiques entre les chrétiens, ou alors ils figurent dans des contextes qui en parlent.

 

Ces termes visent un partage concret qui en général coûte quelque chose à celui qui le pratique.

 

A base des différents textes qui parlent de cet aspect, on pourrait tirer comme conclusion que la dimension spirituelle de notre koinonia avec Dieu (c’est-à-dire de notre communion avec Dieu) doit se traduire par une véritable communion avec nos frères et sœurs dans une dimension concrète et matérielle (voir I Jean).

 

Quelques exemples

Dans le contexte du verset cité en introduction (Actes 2 : 42), on voit que la communion fraternelle telle qu’elle était vécue par ces chrétiens remplis du Saint-Esprit était effectivement très concrète. Elle englobait une mise en commun, un partage volon­­­taire des moyens matériels, des biens et des ressources per­­­son­nelles de chacun. Tout cela était exécuté dans une approche de gratitude et de reconnaissance suscitée par la grâce de ce Sauveur qu’ils venaient de connaître.

 

C’est dans ce genre de communion fraternelle que ces croyants persévéraient.

 

On voit ce même terme (2842 – koinonia) apparaître plus tard dans l’épître aux Romains.

 

Romains 15 : 25-27

Maintenant je vais à Jérusalem, pour le service des saints. Car la Macédoine et l’Achaïe ont bien voulu s’imposer une contribution [2842 – koinonia] en faveur des pauvres parmi les saints de Jérusalem. Elles l’ont bien voulu, et elles le leur devaient; car si les païens ont eu part [2841 – koinoneo] à leurs avantages spirituels, ils doivent aussi les assister dans les choses matérielles.

 

Dans ce passage, on voit donc que les chrétiens de la Macédoine et de l’Achaïe se sont imposé une contribution [une koinonia] destinée à soutenir ceux qui en avaient besoin, parmi les saints de Jérusalem. Paul considérait ce genre de contribution matérielle comme normale, par rapport aux avantages spirituels reçus. En effet, les nations païennes ayant eu la possibilité de prendre part aux avantages spirituels du peuple de Dieu, il était normal et naturel qu’elles fassent part de leurs biens matériels dans une approche de réciprocité. Voilà de la communion fraternelle mise en application!

 

Ce même principe de réciprocité se retrouve également dans ce verset bien connu de…

 

Galates 6 : 6

Que celui à qui l’on enseigne la parole fasse part [2841 – koinoneo] de tous ses biens à celui qui l’enseigne.

 

Voilà un autre exemple de communion fraternelle appliquée.

 

En Romains 12 : 13, Paul ordonne aux croyants de pourvoir (koinoneo) aux besoins des saints. Et la suite du verset nous parle d’hospitalité, ce qui inclut bien évidemment des aspects très terre à terre.

 

Dans la première épître à Timothée, Paul exhorte celui-ci à recommander à ceux qui ont des ressources du siècle présent (les riches du présent siècle) de bien travailler et d’avoir une bonne dis­position à partager en étant géné­reux (koinonikos), un terme dérivé qui vient de la même racine et qui nous aide à comprendre que la communion fra­ter­nelle inclut une dimen­­­sion très concrète et maté­rielle. La suite du texte nous fait comprendre que c’est en pratiquant ce genre de commu­nion fraternelle que l’on s’amasse un trésor en vue de ce qui va arriver.

 

Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espé­rance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. Recommande-leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité [2843 – koinonikos], et de s’amasser ainsi pour l’ave­nir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. I Tim. 6 : 17-19

 

En Hébreux 13 : 16, il nous est rappelé de ne pas oublier (…) la bienfaisance [les bonnes œuvres] et la libéralité [2842 – koinonia], car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir.

 

La version Martin traduit en disant de ne pas oublier de «faire part de nos biens» car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices.

 

Prenons pour terminer le passage de II Corinthiens 8 : 1-5.

 

Plus haut, nous avons vu que Paul, en s’adressant aux Romains, faisait référence aux églises de la Macédoine et de l’Achaïe, qui tenaient à apporter leur contribution. Et maintenant, dans cette lettre qu’il adresse aux Corinthiens, il relève une fois encore la disposition de cœur qui animait les frères et sœurs de ces églises.

 

L’apôtre atteste (= il est témoin) que les églises de la Macédoine ont demandé avec de grandes ins­tances la grâce de prendre part [2842 – koinonia] à l’assistance destinée aux saints (verset 4).

 

Ce texte nous aide à comprendre un peu mieux ce que signifiait la communion fraternelle pour ces chrétiens de la Macédoine.

 

Arrivez-vous à vous représenter ces Macédoniens en train de supplier Paul et son équipe apostolique pour qu’ils acceptent leurs contributions? La version Martin tra­duit qu’ils les pressaient avec de grandes prières.

 

Ils les ont suppliés : «Prenez cela… prenez ces offrandes… C’est une partie de nous-mêmes que nous vous donnons en reconnais­sance de ce que nous avons reçu spirituellement». Ils les ont priés instamment pour avoir la faveur de participer, d’apporter leur propre contribution, selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens.

 

Je rêve que les chrétiens de chaque église locale de notre époque redécouvrent ces dimensions de la com­munion fraternelle appliquée.

 

Je rêve, oui, je rêve de voir chaque personne qui vient au Seigneur, chaque personne qui se fait baptiser, chaque personne qui reçoit la Parole de Dieu et qui est formée en tant que disciple aujourd’hui, après avoir reçu la grâce du Seigneur, se bousculer au por­tillon des responsables de son église en les pressant et en les suppliant : «Donnez-moi la possibilité d’apporter ma contribu­tion, donnez-moi l’opportunité de pouvoir faire quelque chose en guise de reconnaissance, comme expression de ma gratitude. Je vous en supplie, accordez-moi cette faveur».

 

Je rêve d’entendre la jeune génération, après avoir bénéficié de tant d’années de formation auprès de leurs aînés dans la foi, leur dire quelque chose comme ça : «Par votre engagement, nous avons eu le privilège de prendre part aux avantages spirituels de l’Eglise de Jésus-Christ. Maintenant, nous voulons apporter en retour : nos vies, nos mains, notre temps, nos capacités, nos ressources; tout ce que nous pouvons, et même au-delà de ce que nous pouvons donner. Quels sont les besoins? Nous sommes là à votre disposition, à votre service, car nous avons compris la grâce que Dieu nous a accordée en nous rendant participants des promesses divines».

 

Interpellation et conclusion

Les responsables d’églises de notre temps ne devraient-ils pas pouvoir s’attendre à de telles dispo­sitions de cœur de la part des chrétiens, puisque ces attitudes ressortent de l’Ecriture, comme par exemple chez les frères et sœurs de la Macédoine et de l’Achaïe, et puisqu’elles sont la norme biblique?

 

D’autre part, si l’on poursuit la lecture de cette lettre aux Corinthiens, on voit à la fin du chapitre 9 que ce genre d’attitude est considéré comme étant une preuve de l’obéissance à l’Evangile.

 

Ils persévéraient dans la communion fraternelle.

 

C’était un peuple qui s’aimait, un peuple qui vivait ensemble, qui priait ensemble, qui étudiait la Parole de Dieu ensemble, des personnes qui travaillaient ensemble, qui s’entraidaient, se soute­naient, se servaient mutuellement.

 

Nous pouvons faire toutes les plus belles œuvres (évangélisation, miracles, etc.), mais si en parallèle nous négligeons certaines obli­­gations et engagements très terre à terre, biblique­ment inclus dans la communion fraternelle, sommes-nous un peuple qui marche d’une manière digne du Seigneur, et pouvons-nous nous attendre à ce que sa bénédiction continue à se déverser sur nos vies?

 

Que le Seigneur nous aide à comprendre ces choses et à pratiquer la communion fraternelle telle que la Bible nous l’enseigne!

 

 

Pierre Mayor

Compilation, adaptation et mise en forme : APV

Date de parution sur www.apv.org : 21.01.16

 

 

[1] Numéros Strong selon La Bible Online : 2841 – koinoneo, 2842 – koinonia, 2843 – koinonikos et 2844 – koinonos.

Article écrit par Mayor Pierre

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