Croire selon ses illusions?
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Introduction
Voici de nouveau une thématique problématique et en grande partie contradictoire. Elle touchera d’autant plus une couche de la population «pseudo-chrétienne» qui a vécu dans une société «libre» et qui s’est constitué une multitude de «religions» disparates sans entraves ni contraintes. Ces nouvelles «religions» sont très «exotiques» et ne se privent pas de faire entrer dans leurs girons respectifs des éléments du monde entier selon les divers intérêts personnels. Ainsi on trouvera facilement un doux mélange de «Jésus-Christ» avec le «sanscrit hindou», des rites amérindiens ou d’autres facéties étranges…
Tout ce qui concerne ce sujet dénote une confusion extrême et inhérente sans délimitations claires, selon quelques exemples du Wiktionnaire :
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Tenir pour véritable
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- Je crois que les disputes théologiques sont à la fois la farce la plus ridicule et le fléau le plus affreux de la terre, immédiatement après la guerre, la peste, la famine et la vérole. (Abbé de Saint-Pierre, cité par Voltaire, Dictionnaire philosophique; article Credo)
- ‒ J’hallucine, dit Colette. (…) Quand je raconterai ça aux copines, elles ne voudront jamais me croire.
‒ Portenawaque, estima Coline en son obscur langage. (Bernard Suisse, Motus et babouches cousues, Editions Le Manuscrit, 2005, p. 147)
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Avoir la foi et recevoir avec soumission d’esprit tout ce que la religion enseigne
- Je vis une foule prodigieuse de morts qui disaient : «J’ai cru, j’ai cru»; mais sur leur front il était écrit : «J’ai fait»; et ils étaient condamnés. (Voltaire, Dictionnaire philosophique; article Dogmes)
- Le Christianisme romain tend alors à n’être qu’un formalisme rituel, pour lequel l’idéal du fidèle devient le bon paroissien qui pratique et qui croit sans discussion. (Louis Rougier, Histoire d’une faillite philosophique : la scolastique, 1925, éd. 1966)
- Ai-je cru vraiment, à cette époque? Il me semble que j’ai marché dans la chose de la sainte religion, comme dans les images d’Epinal, ou dans mes bouquins de contes de fées à tranches dorées. (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Editions de l’Epi, Paris, 1930, p. 247)
- En sixième, quand on a fait la mythologie grecque, je me suis dit que c’était normal que les gouers, ils croyaient que Jésus était le fils de Dieu parce que leurs ancêtres, ils croyaient bien qu’Héraclès était le fils de Zeus. (Houda Rouane, Pieds-blancs, Editions Philippe Rey, 2006, p. 128)
- Vivre comme un dieu exige que l’on cesse de croire aux dieux. Ainsi, la leçon des épicuriens est que la philosophie change les hommes en dieux en leur enseignant qu’il n’y a pas sur cette terre d’autres dieux qu’eux-mêmes dès lors qu’ils auront cessé de croire et vainement d’espérer. (Robert Redeker, Les épicuriens, professeurs de liberté, in Marianne du 5 au 11 février 2011, pp 72-73)
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Tenir pour sincère ou véridique
- Mais jamais, à aucune époque, on n’a cru à tant de billevesées, de bourdes, de mensonges, de sottises, d’absurdités qu’aujourd’hui. (John Ruskin, Notes du chapitre I de La Bible d’Amiens, traduction par Marcel Proust, Mercure de France, 1904, p. 142)
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S’en rapporter à quelqu’un, à quelque chose
- A l’en croire, c’était lui qui dansait, qui levait la jambe, qui se dandinait, tellement il se donnait de mal pour communiquer à ces merveilleuses mais stupides créatures un peu du feu sacré dont il les prétendait dépourvues. (Francis Carco, L’Homme de minuit, Editions Albin Michel, Paris, 1938)
- Si vous m’en croyez, vous ne ferez pas cela.
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Tenir pour vraisemblable, réel ou possible
- Pour un peu, on aurait cru être sur le plancher des vaches. Un seul coup d’œil par-dessus la rambarde remettait les pendules à l’heure. Il y avait déjà deux jours que le bateau filait vers le grand Nord, à la vitesse maintenue de vingt nœuds. (Jean Lhassa, Dernières nouvelles d’ailleurs, Editions Publibook, 2009, p. 209)
- Aucune trace d’effraction, rien de forcé, pas d’empreintes digitales ni d’ADN étranger au personnel. Rien! A croire que les types ont opéré en scaphandre. (Jérémie Lebrunet, Alice et le Crédit solidaire, Editions Destination Futur, 2013, partie 2)
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Penser, estimer, s’imaginer, présumer
- Il était entièrement vêtu de casimir noir, ainsi qu’il convient à un notaire. Mais comme on se trouvait au plus fort de l’été, M. Bernard avait cru pouvoir égayer sa tenue sévère d’une ombrelle d’alpaga blanc. (Octave Mirbeau, La Mort du chien in Lettres de ma chaumière, 1886)
- Parce que l’astronomie parvenait à calculer les tables de la lune, on a cru que le but de toute science était de prévoir avec exactitude l’avenir; (…). (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. IV, La grève prolétarienne, 1908, p. 190)
- Recule vite, cherche le dur, le sec, ou tu es perdu. Tu croiras t’échapper en avançant (…). Tu t’enfonces davantage (…). (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
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(Populaire) Croire naïvement, être trop optimiste
- Tu pensais qu’il allait t’écouter? T’as cru ou quoi?
- Nan mais le mec il a trop cru que j’allais le laisser copier sur moi…
croire \ intransitif
- Ajouter foi à quelqu’un ou à quelque chose; s’y fier
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- A moins, peut-être, que l’écroulement de leur rêve ne vînt à les ramener l’une vers l’autre. Mais elles croyaient toutes deux à leur but, les désabusées et les meurtries; elles y croyaient avec la même ferveur, la même volonté. (Béatrix Rodès, Les errantes, Editions Revue Helvétique, 1902, p. 210)
- Qu’un musulman croie la viande de porc immangeable, l’alcool imbuvable, la chevelure d’une femme obscène par définition, blasphématoire la représentation du visage d’un prophète qui fut un homme, libre à lui. (Michel Onfray, La philosophie féroce, II : Traces de feux furieux, Editions Galilée, 2006, p. 114)
- Il proteste de son innocence, mais je n’y crois pas.
- J’avais à voir un ami à Angers; bon et brave jeune homme à la tête ardente et au cœur pur, qui a encore des années à croire à tout, puis qui finira comme les autres, mais seulement plus tard que les autres, par ne plus croire à rien. (Alexandre Dumas, La Vendée après le 29 juillet, La Revue des Deux Mondes T.1, 1831)
- Avoir confiance en quelqu’un, en ses talents, en sa parole
se croire \ pronominal
- S’imaginer
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- Des landes, des rocs stériles, çà et là une bande de pâturage aromatique et dru, quelques champs pierreux, partout des oliviers : on se croirait dans notre Provence. (Hippolyte Taine, Voyage en Italie, vol. 2, 1866)
- (Familier) Etre vaniteux
Concentrons-nous donc en priorité sur le christianisme réel et authentique et sur les façons dont son fondateur déterminait cette nouvelle vie.
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Foi biblique
Il est évident et sans équivoque que les premiers douze apôtres de Jésus-Christ étaient issus du peuple hébraïque d’Israël. De même, les disciples suivants comme Paul, Barnabas, Timothée et autres étaient juifs selon le récit biblique usuel. Leurs connaissances et vécu dénotaient clairement une familiarité profonde et respectueuse du texte saint de l’Ancien Testament. Ainsi, on ne doute point du niveau d’enseignement pratiqué qui comprenait :
- Dieu le Créateur
- La Loi et les prophètes
- L’histoire du peuple d’Israël
Jésus, lors de ses pérégrinations sur cette terre, ne faisait qu’approfondir et élargir pour le futur ces connaissances. Aussi on comprend mieux que la simple foi en lui comprenait une dimension que ses disciples ne diminuaient en aucun point dans la future propagation de l’Evangile. Considérons donc intensément ces saintes Ecritures (incluant le Nouveau Testament) comme base d’une foi authentique qui détermine le christianisme.
Analyse biblique
Jean 7 : 37-39 à La traduction juste de ce passage doit déterminer une forte emphase de l’identité de la personne de Christ par rapport à l’Ecriture (voir le contexte dans vv 26, 40 et 41, etc.) et être formulé ainsi – Celui qui croit en moi, [selon les Ecritures], des fleuves d’eau vive couleront de son sein… (v. 38) – Donc sous-entendu existe la possibilité de croire en Jésus selon des concepts erronés, ce qu’une partie d’un pseudo-christianisme se permet actuellement.
Mat. 7 : 21-23 à On se trouve devant une situation terriblement complexe puisque les personnes mentionnées semblent démontrer leur foi en Jésus en l’interpellant par «Seigneur» et en se référant aux activités surnaturelles accomplies en son nom. Malgré qu’à l’heure actuelle, on aurait facilement tendance à regarder la situation de telles personnes comme suffisante pour les considérer comme «sauvées», Jésus se distancie d’elles et les rejette pour «anomia», ce qui signifie «opposé à la loi» ou «sans loi». Donc cela démontre clairement que la vraie foi en Jésus doit inclure l’autorité des Ecritures.
Jacq. 2 : 14-26 à Paul démontre sans ambiguïté que la foi invoquée est illusoire sans la pratique d’œuvres relationnelles, avec Dieu et ses prochains.
Jacq. 1 : 16-27 à La grâce de Dieu a fait de nous, au travers de sa Parole, les prémices de ses créatures (v. 18), mais il désire que nous soyons des personnes qui mettent en pratique cette Parole.
Rom. 10 : 4 à Christ a accompli la finalité, ou l’accomplissement, (pas la destruction ou l’élimination) de la loi, en garantissant la justification de ceux qui l’acceptent par la foi, et non en pratiquant les œuvres de cette loi. Donc cette procédure ne permet sous aucune forme la mise en question de cette loi. Elle est incluse dans la foi offerte par Dieu.
Luc 16 : 14-16 à A partir du ministère de Jean, le royaume de Dieu est annoncé par Jésus et celui qui use de violence (foi) peut y entrer sans contradiction avec la loi qui continue de subsister.
Mat. 5 : 17-20 à Jésus n’est pas venu pour abolir la loi et les prophètes mais pour les accomplir. Aussi longtemps que la terre et le ciel subsisteront, nous devons faire de même. L’Evangile que nous annonçons doit contenir la vérité complète et non tronquée.
Es. 29 : 13 à Le Seigneur reconnaît les gens qui s’approchent de lui dans une «foi indigne et intéressée» et il les réprouve.
Actes 10 : 34-48 à Nous assistons à un discours «d’évangélisation» du type de Pierre, qui contient les ingrédients basiques, mais que le Saint-Esprit bouleverse dans son déroulement. A la fin, Pierre termine quand même par l’action culminante du baptême. Donc, la «foi» sans cette procédure est inimaginable.
Etc., etc.
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Conclusion biblique
Nous sommes confrontés à d’innombrables textes bibliques qui nous prouvent que la foi authentique en Jésus-Christ ne peut s’abstraire d’une acceptation fondamentale de Dieu et de ses œuvres d’après les saintes Ecritures. Selon quelles séquences et dans quel ordre ces éléments doivent être enseignés lors de l’annonce de la «Bonne Nouvelle», ceci est laissé aux bonnes décisions du Saint-Esprit, mais en aucun cas une foi «anarchique et déboussolée» ne peut se référer à notre Seigneur.
Jean-Pierre Trachsel
Lussy, le 27 février 2021
Date de parution sur www.apv.org : 03.03.21 /
Mis à jour le 24.08.21