Elève, c’est ringard, appelez-moi jeune!
A l’occasion de la rentrée scolaire, parlons de l’école et de ceux qui s’y rendent… avec de moins en moins de conviction.
Un professeur confiait son analyse en ces termes : «Il y eut un temps où les élèves voulaient apprendre. On dirait que nous sommes à leur service et qu’eux ne sont plus à notre écoute!»
On ne parle plus d’élèves mais de jeunes, et ce changement de vocabulaire est déjà un indice.
L’élève cherche à être élevé et à s’élever; c’est le statut d’une personne ouverte à la formation, inscrite dans l’humilité de celui qui ne sait pas et qui veut sortir de cette situation basse pour grandir.
Le jeune, quant à lui, est un être défini à défaut d’être fini. De fait, jeune est un état à part entière et cette entité nouvelle se doit d’être perçue par le monde extérieur comme autonome. Le jeune sait et ne veut savoir que ce qu’il appréhende de lui-même. Cet état, qui dure de plus en plus longtemps, réclame son dû, sa place, sa reconnaissance. Vouloir lui inculquer quelque chose, c’est une atteinte à sa liberté. Lui enseigner quoi que ce soit, c’est le manipuler et l’empêcher de se déterminer comme il se ressent.
Certains théoriciens ont décidé que le jeune avait en lui tous les éléments nécessaires pour décider qui il est et ce qu’il a envie de faire, et peut-être fera. Toute ingérence extérieure serait une violation de son identité propre. Et l’école laïque d’aujourd’hui est persuadée que son rôle est de l’accompagner plutôt que de le conduire. Elle ne veut plus imposer des devoirs ou donner des leçons (le terme «maître» est devenu péjoratif). L’école s’interdit d’exiger la performance pour ne pas traumatiser.
Mais en vérité, le jeune est l’un des fruits amers de l’abolition de toute transcendance et du refus d’un élitisme devenu insupportable.
Source : Christianisme Aujourd’hui, Numéro 8 – 09.17
Mise en forme : APV
Date de parution sur www.apv.org : 04.09.17