Les Etats-Unis [et l’Occident] ne sont pas préparés à la persécution

Focaliser sur le développement d’une crainte et d’un amour de Dieu : c'est la façon dont le pasteur Brunson a survécu à son incarcération en Turquie et ce qu'il recommande aux chrétiens de faire dès maintenant pour se préparer à la persécution.
Projet de Dieu_Etats-Unis et Occident, persécution

Les Etats-Unis [et l’Occident] ne sont pas préparés à la persécution

Un an après avoir été libéré de prison en Turquie, où il a injustement été détenu pendant deux ans, le pasteur Andrew Brunson a publié les mé­moires de son expérience et de ce qu’il en a appris, à propos de souffrir pour Jésus. A son retour aux Etats-Unis, il a déclaré au Washington Examiner qu’il était surpris par ce qu’il considère comme une hostilité crois­sante envers le christianisme. Le pasteur craint que les jeunes chré­tiens américains ne se­ront pas préparés à une persécution ouverte lorsque celle-ci les concer­nera.

 

«[La persécution des chrétiens] est en fait très normale, tout au long de l’his­toire, a déclaré le pasteur Brunson. L’anormalité est qu’il n’y ait pas de persécution, et nous n’en avons pas eu tant que cela, en Occident[1]. Et donc les gens ne s’y attendent pas, et quand vous ne vous y attendez pas, alors vous n’y êtes pas préparés.»

 

Ce qui est arrivé au pasteur Andrew Brunson

Le pasteur Andrew Brunson et sa femme, Norine, avaient exercé leur ministère en Turquie pendant plus de vingt ans lorsque les autorités ont arrêté le couple en 2016. Alors que Norine était libérée au bout de treize jours, Brunson est resté en prison pendant deux ans. Dans une interview accordée à RNS – Religion News Service, Brunson a déclaré que tous deux pensaient d’abord être expulsés, mais qu’ensuite les autorités turques l’avaient accusé de faire partie d’un groupe terroriste. Plus précisé­ment, elles ont affirmé qu’il avait soutenu le religieux musulman Fethullah Gülen, résident aux Etats-Unis, que le président turc Recep Tayyip Erdoğan pense être der­rière un coup d’Etat manqué en 2016. Erdoğan s’est impliqué très tôt dans la détention de Brunson, l’utilisant comme un pion poli­tique.

 

Brunson a déclaré : «Je n’avais jamais rencontré quiconque faisant partie du mouvement [de Gülen]. Je n’ai jamais de ma vie rencontré ce que j’appellerais un guléniste en ayant connais­sance qu’il le fût. Et donc, quand ils m’ont accusé de faire partie de son mouvement, je veux dire, ils savaient que ce n’était pas vrai. [Les gulénistes] essaient de gagner les gens à l’islam, et j’essaie de les gagner pour qu’ils suivent Jésus, alors l’idée que nous travaillerions ensemble est tout simplement ridicule.»

 

Plusieurs hauts fonctionnaires américains se sont engagés dans la bataille prolongée pour obtenir la libération de Brunson. En août 2018, le président Trump a doublé les droits de douane turcs sur l’aluminium et l’acier en raison du refus persistant d’Erdoğan de libérer Brunson. En plus des efforts du président Trump (que Brunson a décrits comme «sans précédent»), le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, le diplomate américain Phil Kosnett et le Sénat américain y ont grandement contribué. Selon Brunson, «plusieurs lettres ont été envoyées par le Sénat mais la dernière, adressée à Erdoğan, était signée par soixante-six sénateurs. Ce degré de concorde politique sur une question est très inhabituel.» Le sénateur de Caroline du Nord, Thom Tillis, a même rendu visite à Brunson en prison et s’est présenté avec lui à l’un de ses procès.

 

Tillis a publié sur Facebook une vidéo de Brunson prononçant la prière d’ouverture devant le Sénat mardi [15 octobre 2019].[2] Avant de prier, le pasteur a remercié les sénateurs en disant : «(…) Je suis ici aujourd’hui parce que vous avez été si nombreux à vous battre pour moi, et j’en suis profondément reconnaissant. A une époque où les divisions étaient nom­breuses, vous étiez unis dans la lutte pour ma libération. Merci.»

 

Le pasteur Andrew Brunson a été libéré aux Etats-Unis le 12 octobre 2018. Un jour plus tard, lui et son épouse ont rencontré Trump au Bureau ovale, où le couple a prié pour la sagesse et un «esprit de conseil» pour le président.[3]

 

La crise de la foi du pasteur Andrew Brunson

Dans une interview accordée à The 700 Club, Brunson a déclaré que lorsque lui et Norine étaient allés en Turquie, ils n’avaient pas pleinement «évalué le coût» de suivre Jésus. Ils savaient qu’implanter des églises dans le pays était risqué, mais ils ne s’étaient jamais attendus à être emprisonnés. Le pas­teur a également décrit ce à quoi il s’attendait de la prison comme «naïf et irréaliste». Ayant lu des biographies de chrétiens qui avaient été emprisonnés, il s’attendait à vivre des expériences sur­naturelles du réconfort de Dieu. Au lieu de cela, il avait l’impression que Dieu l’avait abandonné. Il a déclaré à l’Examiner : «Je m’étais attendu à ressentir très fortement la présence de Dieu et sa grâce; mais ce ne fut pas le cas. Et cela me surprit vraiment.» En réponse au silence de Dieu, il devint furieux contre lui et connut une crise dans sa foi.

 

Brunson a dit : «J’eus des périodes où j’étais suicidaire, où je per­dis tout espoir. J’étais désespéré et j’avais de fréquentes crises de panique.» Bien qu’il fût entouré d’autres personnes, ces hommes étaient musulmans, donc il était isolé par sa foi chrétienne. De plus, sur ses deux ans de prison, il passa cinquante jours à l’isolement et fut, à un moment donné, confron­té à une peine d’isolement à vie.

 

«Ce qui a fait une énorme différence pour moi, a dit Brunson, c’est la prière de beaucoup de gens, et [le fait] de savoir qu’ils priaient pour moi. Et j’ai commencé à me focaliser sur Dieu et à combattre pour ma foi. J’ai pris conscience que je ne pouvais pas faire grand-chose pour me battre pour ma liberté, mais je me suis dit “Je perds ma relation avec Dieu dans ce terrible environnement et je dois me concentrer là-dessus, parce que si je perds ça, alors j’aurai tout perdu dans ma vie.» Finale­ment, il s’est dit : «J’ai dû en arriver au point où j’ai dit : “Quelles que soient mes circonstances, quoi que je voie ou ne voie pas, je dois montrer le caractère de Dieu.” C’était un acte délibéré de la volonté, a déclaré Brunson : J’ai fait des pas avec ma volonté et je me suis forcé, non pas avec mes émotions, mais en faisant un choix, je vais regarder à Dieu. Alors il a commencé à me reconstruire.»

 

Le pasteur Brunson a également déclaré que le soutien fidèle de son épouse avait été crucial. Après sa [propre] libération, celle-ci était restée en Turquie, lui disant la vérité et priant avec lui quand elle avait la possibilité de lui rendre visite – alors qu’elle-même luttait contre le doute et la peur. Brunson a dit : «Le Seigneur s’est vraiment servi d’elle pour me permettre de tenir.» Elle a accepté de tout cœur sa demande d’être comme la veuve insistante, en sa faveur. «Elle a réellement été persévé­rante, a déclaré Brunson. Elle a essayé de tant de façons, par tous les moyens diplomatiques possibles, en contactant des dirigeants politiques… Elle était donc pleinement engagée et n’a pas abandonné; et je suis si reconnaissant pour cela.»

 

Une leçon pour les jeunes chrétiens des Etats-Unis [et d’Occident]

Après sa sortie de prison, Brunson a dit avoir été frappé par la façon dont la société américaine était devenue «ouvertement hostile» à l’égard des chré­tiens : «Il y a un tournant dans notre culture qui avait auparavant plus de respect pour le christianisme; celui-ci devient maintenant impopulaire. Les chrétiens sont dépeints comme des bigots, racistes et fondamentalement mauvais. Et ainsi, quelqu’un qui s’affiche publiquement comme chrétien – un jeune, en particulier – essuiera beaucoup de réactions de la part de ses pairs.» Les médias sociaux augmentent cette pression, facilitant la rapidité et la puis­sance de la critique. Et alors que les droits et les valeurs judéo-chrétiennes disparaissent, «il devient de plus en plus difficile pour les gens de défendre Jésus publiquement, de le défendre sans s’excuser, de défendre les choses que la Bible nous enseigne comme vraies».

 

Par conséquent, Brunson croit que ce n’est qu’une question de temps avant que les chrétiens des Etats-Unis n’aient à dé­cider s’ils sont prêts à endurer une persécution similaire à celle qu’il a soufferte. Pour se préparer à cela, il dit que les croyants devraient se focaliser dès maintenant sur le dévelop­pement d’une crainte et d’un amour de Dieu, grâce auxquels il a survécu à son épreuve.

 

Le pasteur espère que son histoire encouragera ceux qui l’en­tendent à faire exactement cela et à rechercher Christ de tout leur cœur : «Je pense que la valeur de mon histoire est qu’elle sera, je l’espère, un exemple… [et qu’elle] encouragera la pro­chaine géné­ration de chrétiens à se positionner sans honte pour le Seigneur

 

 

Jessica Mouser

Source : Site ChurchLeaders.com – 16.10.19

Titre original : United States «not prepared» for persecution, Andrew Brunson Warns

Traduction et mise en forme : APV

Date de parution sur www.apv.org : 04.05.20 / Mis à jour 20.05.20

 

 

[1] N.d.t. : En ce qui concerne la persécution des chrétiens, nous nuancerions les propos de l’auteur; en effet, ce qui est vrai pour les Etats-Unis ne s’applique malheureusement pas au Vieux Continent. Quelques exemples à ces liens : Eglise persécutée / Histoire de l’Eglise ou dans le livre de E.-H. Broadbent, L’Eglise ignorée…

[2] Facebook · Senator Thom Tillis – Pastor Andrew Brunson delivers opening prayer in U.S. senate.

[3] N.d.t. : Concernant ces aspects politiques, nous sommes tout à fait conscients que toute implication d’un gouvernement dans la libération de prisonniers – chrétiens ou non – est toujours intimement liée à des intérêts politiques. Mais que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons, tous ceux qui aident des disciples de Jésus-Christ auront leur récompense (Mat. 10 : 41).

Article écrit par Mouser Jessica

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