Qui sont les Russes allemands?

Vers 1760, les mennonites étaient pauvres et découragés. Lorsque l’impératrice russe Catherine II leur proposa de venir dans les nouvelles régions de la Russie méridionale, où ils auraient la liberté de culte, ils acceptèrent cette offre comme une délivrance de Dieu.
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Qui sont les Russes allemands?

Les pérégrinations d’un peuple indésirable

 

Les mennonites et la Russie

En Prusse, vers 1760, les mennonites étaient pauvres et découragés, entre autres parce qu’ils avaient refusé de faire le service militaire en raison de leur foi. C’est pourquoi, lorsque l’impératrice russe Catherine II leur proposa de venir dans les nouvelles régions de la Russie méridionale, où ils auraient la liberté de culte et n’auraient pas besoin de pratiquer le service militaire, ils acceptèrent cette offre comme une délivrance de Dieu. Ils avaient toutefois certaines obligations et limitations du gouvernement. A la place du service militaire, les jeunes hommes devaient s’occuper de travaux forestiers. De plus, il ne leur était pas permis de tenir des réunions parmi les Russes. Mais les mennonites avaient beaucoup d’employés russes, et certains assistaient quotidiennement au culte familial.

 

En 1788, les premiers d’entre eux, soit environ mille-cinq-cents personnes, arrivèrent en Russie. Plus tard, des colons plus aisés les suivirent. Ils travaillaient avec acharnement, ce qui leur valut un certain bien-être. D’ailleurs, notons que les Allemands avaient la réputation d’être de bons tra­vailleurs.

 

Les colons s’étendirent depuis le sud de la Russie à la Crimée, en particulier le long du cours infé­rieur de la Volga, au Caucase, jusqu’en Sibérie, dans le Turkestan et même aux confins de la Chine.

 

Ils vivaient à part du reste de la population et ils gardèrent leur langue maternelle, leur religion ainsi que leurs coutumes.

 

Il fallait être mennonite pour pouvoir bénéficier des avantages accordés par le gouvernement. Ainsi, on arrêta de se baser sur la confession de la foi en Christ et sur la nouvelle naissance pour devenir membre de cette église. Cette dernière devint donc nationale et n’était plus faite que de convertis. De plus, le niveau moral général des colonies baissa. Il y eut cependant toujours des personnes pieuses qui s’humiliaient pour leurs frères.

 

C’est alors qu’Edouard Hugo Otto Wüst, un Allemand, se rendit en Russie méridionale, suite à un appel d’une église libre.

 

Là-bas, il travailla avec les mennonites et un réveil s’ensuivit. Des pécheurs se repentirent et beau­coup de personnes reçurent la paix et la foi.

 

Des croyants mennonites réalisèrent qu’ils ne pouvaient plus prendre la cène dans leur église avec des non-convertis. C’est pourquoi ils la prirent de temps en temps dans des maisons privées. Pour finir, bien qu’ils ne voulaient pas provoquer de divisions, ils durent se séparer de l’église mennonite. En 1860, on constitua une congrégation séparée de frères mennonites.

 

Le réveil continua tout de même au sein de l’ancienne église mennonite. De plus, l’amertume entre cette ancienne église mennonite et ceux qui s’en étaient séparés diminua peu à peu.

L’œuvre du Saint-Esprit parmi les colons s’étendit au peuple russe. Cependant, contrairement au collons allemands, les Russes indigènes ne possédaient pas la liberté de culte. Ainsi, les églises russes furent persécutées.

 

Les réunions des colons allemands étant appelées Stunden, et c’est de là que dérive le mot Stundistes qu’on utilisait pour désigner les chrétiens russes qui s’assemblaient.

 

Des missionnaires furent également envoyés aux Indes ainsi que dans d’autres pays.

 

En 1917, la Révolution russe commença et laissa la place à l’anarchie. Au début, on proclama la liberté de religion, mais le parti bolcheviste prit le dessus et s’acharna à abolir toute forme de religion, que ce soit l’Eglise orthodoxe, les catholiques romains, les luthériens et les congrégations de croyants.

 

En Russie méridionale, il y eut des bandes de bri­gands atteignant parfois les proportions d’une armée qui furent attirées par les richesses des mennonites. Ces derniers en souffrirent énormément, au point que beaucoup d’entre eux se joignirent aux troupes formées, pour défendre leurs femmes et leurs enfants, malgré leurs traditions.

 

Les piétistes et les baptistes

Notons qu’il y eut aussi des luthériens qui immigrèrent en Russie pour cultiver et bâtir des villages, en particulier des piétistes persécutés venant du Wurtemberg.

 

Depuis l’Allemagne, les baptistes allemands se propagèrent également en URSS et devinrent très nombreux en Pologne ainsi que dans d’autres régions. Par contre, leur ministère ne pouvait s’étendre qu’aux Allemands ou à d’autres populations n’appartenant pas à l’Eglise orthodoxe.

 

Retour en Allemagne

Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des Allemands de la Volga s’installèrent dans l’Oural, en Sibérie, au Kazakhstan, au Kirghizistan ou en Ouz­bé­­kistan. Plus tard, certains voulurent retourner dans l’ancienne République socialiste soviétique au­to­nome des Allemands de la Volga (1924-1941), mais la population qui s’était installée dans ce territoire suite à la déportation massive des Allemands de la Volga s’y opposa.

 

Puis, à partir des années 1980, la plupart des Allemands de la Volga retournèrent en Allemagne, grâce au droit de retour. Tous ceux qui pouvaient prouver que leurs ancêtres étaient allemands recevaient la citoyenneté allemande. Dans les années 90, il fut plus difficile pour ceux qui prétendaient être des Allemand de la Volga de recevoir la citoyenneté allemande, en particulier s’ils ne parlaient pas l’un de leurs dialectes.

 

Leur retour en Allemagne ne fut pas pour tous une réussite. En effet, leur intégration fut parfois difficile. Ainsi, beaucoup passèrent du statut d’étrangers allemands en Russie à celui d’étrangers russes en Allemagne.

 

Chronologie

1763

Catherine II, l’impératrice de Russie, fait venir des colons allemands et suisses en Russie. Ils s’établissent le long de la Volga.

1788

Premier exode de mennonites allemands en Russie.

1804

L’empereur Alexandre Ier invite des colons allemands à s’installer au sud de la Russie (Crimée, mer Noire).

1873-1882

Beaucoup de mennonites émigrent aux Etats-Unis et au Canada.

Vers 1900

Les colonies allemandes deviennent florissantes et jouissent de la considération générale.

1914-1918

Première Guerre mondiale.

1917

Début de la Révolution russe. Tout ce qui est germanique est détruit. Ainsi, beaucoup d’Allemands meurent sous les attaques des terroristes.

1923-1930

D’autres mennonites se rendent au Canada, au Paraguay, au Brésil et en Uruguay.

1929

Tous les résultats que les Allemands avaient obtenus au niveau de l’agriculture depuis qu’ils étaient venus en Russie sont anéantis à cause de la collectivisation.

1936

Il n’existe plus d’Eglise luthérienne évangélique en Russie.

1939-1945

Lors de la Seconde Guerre mondiale, trente-cinq-mille menno­nites quittent la Russie.

1941

Staline craint que les Russes allemands s’allient avec les troupes nazies qui avancent de plus en plus. Les accusant d’être coupables de trahison envers la Russie, il les prive de leurs droits civils et politiques. On déporte environ deux millions d’Allemands en Sibérie et dans le Grand Nord, où plusieurs d’entre eux meurent. D’autres sont déportés vers le Kazakhstan.

1953

Staline meurt; les Allemands s’assemblent et créent des com­mu­nautés chrétiennes.

1955

Les Allemands se trouvant le long de la Volga sont absous.

1964

Le Soviet suprême de l’URSS reconnaît que l’accusation selon laquelle les Allemands de la Volga auraient collaboré avec les nazis est injuste. On les réhabilite.

1965

Ces Allemands luttent pour défendre leurs droits.

1970

Voyant que le mouvement pour la défense des droits civils n’a pas gain de cause, toujours plus d’entre eux cherchent à retourner en Allemagne.

Années 80-90

La plupart des Allemands de la Volga retournent en Allemagne.

1994-2007

1994 marque le pic des retours, avec plus de 200 000 Aussiedler[1] qui rejoignent l’Allemagne. Le gouvernement prend des mesures pour limiter leur immigration massive. Dès 1996, ils doivent prouver par un test qu’ils savent l’allemand par leurs parents. Dès 2000, le taux de retours chute (seuls 7 600 retours de Russie en 2006). Or en 2007, il restait encore 600 000 Allemands de souche en Russie, 220 000 au Kazakhstan et quelques dizaines de milliers en Ukraine, au Kirghizistan (ci-contre) et en Ouzbékistan.

 

 

Etudiants Teleïos

Compilation, rédaction et mise en forme : APV

Date de parution sur www.apv.org : 10.07.17

 

Sources et références thématiques

  • Livre : Arthur Gesswein, Persécuté mais non abandonné, Mission chrétienne pour les pays de l’Est, 1978

Témoignage poignant d’un frère sur les exils et persécutions subis par lui et sa famille «russe allemande». Excellent livre, édifiant et instructif sur le plan historique.

Epuisé, mais se trouve encore d’occasion.

Article intéressant de 2007, sur le retour des Aussiedler en Allemagne après la chute de l’URSS et leurs conditions de vie actuelles. Consulté le 07.07.17.

[1] Rapatriés venant de l’Europe de l’Est, de souche allemande.

Article écrit par Etudiant/s Teleïos

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