Les Vaudois du Piémont
Résumé : Ces croyants des Alpes ont une origine qui prend ses racines dans les chapitres 29 et suivants des Actes des apôtres… Ce peuple courageux et travailleur a persisté au travers des siècles de l’histoire d’un christianisme de façade, cironné de déviances occultes et sanguinaires. Ils ont défendu leurs convictions héroïquement et ont investi massivement dans la foi des francophones de l’époque avec un impact sur notre génération du XXIe siècle! Mais aujourd’hui, ont-ils gardé une foi pure? L’Eglise de Jésus-Christ ne doit-elle pas entendre ce que l’Esprit dit à l’Epouse avant le retour de son Maître?…
Introduction (SB)
Les Vaudois du Piémont sont un peuple avec une histoire qui remonte au temps des apôtres de la première Eglise et se prolonge jusqu’à nos jours. Ce sont des croyants avec un héritage extraordinaire et prophétique pour l’Eglise d’aujourd’hui.
Nous allons vous présenter des éléments clés sur des thèmes divers et variés, comme l’histoire du christianisme ou le rôle des empires sur les déviances religieuses et doctrinales – avec en toile de fond l’Eglise fidèle.
Sur l’axe du temps, qui sont ces Vaudois du Piémont? Quelle est la véritable origine de ces croyants des Alpes? Qu’ont-ils vécu dans les aspects sociologiques, éducatifs, de la santé, de l’économie et de l’évangélisation?
Histoire du christianisme fidèle (NN et RM)
L’Eglise fidèle
Pour commencer, il est important de comprendre que tout au long de l’histoire tumultueuse du peuple de Dieu, un reste fidèle est toujours demeuré. Au travers de toutes les périodes prophétiques de l’histoire de l’Eglise décrites dans l’Apocalypse une véritable Eglise, digne de ce nom, a toujours subsisté.
Je dirais que : «L’histoire de la véritable Eglise de Jésus-Christ (l’Eglise fidèle), c’est l’histoire de ceux qui ont aimé la vérité plus que leur propre vie.»
Ce reste fidèle a été plutôt faible en nombre. Et une autre de ses caractéristiques est que nous pouvons malheureusement le suivre par la trace du sang qu’il a laissé sur la frise de l’histoire du christianisme.
Au travers des Vaudois du Piémont, c’est de cette Eglise fidèle que nous allons vous parler.
- Ier au IIIe siècle : La Pax Romana
Période de paix due à la puissance militaire de Rome qui protégeait ses sujets.
Les débuts du christianisme
Les débuts du christianisme, aussi appelés temps apostoliques, nous sont relatés dans le Nouveau Testament. Le modèle de l’Eglise primitive, en particulier, est décrit dans les Actes des apôtres et dans les épîtres que ces derniers envoyaient aux Eglises.
Il ressort de ce modèle biblique les qualités qui caractérisent – ou devraient caractériser – la véritable Eglise de Jésus-Christ ou l’Eglise fidèle. Ces caractéristiques sont les suivantes : fidélité sans faille à la Parole de Dieu, puissance du Saint-Esprit vécue et appliquée avec fruits visibles (signes, prodiges, miracles et guérisons), évangélisation et mission dirigées par les impulsions du Saint-Esprit, avec perception prophétique et respect des structures d’autorité établies par Dieu, amour fraternel sincère (dont découlaient automatiquement des aspects sociaux et d’entraide), société alternative, c’est-à-dire une mise en commun de tous les biens pour résister au milieu d’un système inique, éducation et instruction des enfants basées sur les Ecritures et affranchies des philosophies de ce monde.
Ces temps apostoliques correspondent à la période prophétique d’Ephèse, dans l’histoire de l’Eglise.
A cette époque, l’Evangile se propage rapidement, mais l’Eglise est déjà très persécutée. En Apocalypse 2 : 1-7, on voit que l’Eglise est déjà confrontée à de fausses doctrines et orientations mais qu’elle fait preuve de discernement pour y résister. Cependant, le Seigneur lui reproche déjà d’avoir abandonné son premier amour.
Rapides déviances de l’Eglise primitive
Pour schématiser, dans la période prophétique de Smyrne, les persécutions deviennent systématiques et des déviations doctrinales apparaissent plus massivement.
L’un des points les plus graves est une scission progressive entre le modèle biblique des structures d’autorité établies par Dieu sur l’Eglise versus son interprétation charnelle, motivée par une soif d’orgueil et de pouvoir.
Jusqu’à cette époque, le ou les évêque-s (en grec episkopos) assumaient la charge d’ancien-s, ou de surveillant-s au service des membres de l’Eglise, étant respectés pour leur exemple et leur piété. Désormais, une partie de ces episkopos préfère qu’on les appelle littéralement «évêques», se considèrent comme les «inspecteurs» du troupeau, dans une fausse compréhension du terme, et s’arrogent une suprématie sur leurs frères et sœurs. La fraternité des apôtres pour leurs compagnons d’œuvre fait place à une hiérarchie dangereuse.
Rapidement, plusieurs évêques de la deuxième sorte (appelons-les ainsi) acquièrent une prééminence sur les autres et en abusent souvent. Il y a notamment les évêques d’Antioche, d’Alexandrie, de Carthage et de Rome, ce dernier réclamant à plusieurs reprises de régner sur tous les autres et d’avoir une certaine autorité en matière religieuse. Mais à ce stade, il se heurte encore à la résistance de l’Eglise fidèle.
Bien que la simplicité du modèle biblique soit encore en majorité conservée (lieux et déroulement des réunions), les premiers temples sont construits et de fausses doctrines commencent à infiltrer sérieusement l’Eglise : d’une part de l’extérieur (philosophies et influences païennes et juives, notamment sur le baptême et la Cène) et d’autre part de l’intérieur (divergences doctrinales et hérésies telles que : ébionisme, gnosticisme, dualisme des manichéens, etc.) Mais grosso modo, l’Eglise fidèle se défend encore bien.
Constantin et le temps de Pergame
Par contre, dès que l’empereur Constantin fait cesser les persécutions contre les chrétiens, en 313, l’évolution vers un christianisme apostat et dominant est très rapide. La paix extérieure que connaît désormais l’Eglise de Jésus-Christ et les nombreux avantages temporels qui lui sont accordés produisent une baisse de la piété et une altération de la saine doctrine. Le christianisme devient une religion d’Etat, intimement liée et soumise au pouvoir politique, infiltrée par le paganisme, voire même un substitut du paganisme.
- 395 : La division de l’Empire Romain et de l’église
A sa mort, Théodose sépara son empire entre ses deux fils. On eut alors l’Empire romain d’Occident et l’Empire romain d’Orient. L’église, elle aussi, se scinda en deux parties formant l’église catholique à l’occident et l’église orthodoxe à l’orient.
Une sorte de «deal» est passé entre les politiques et les religieux : les empereurs interviennent dans le choix des évêques et en échange, les évêques de Rome reçoivent la prééminence sur les autres évêques et la reconnaissance en tant que papes.
Dans cette fausse église, le salut est caché, l’accès aux Ecritures est barré. On affaiblit l’autorité de la Parole par l’inclusion des livres apocryphes dans le canon biblique et on accorde toujours plus d’importance aux écrits des «Pères de l’Eglise».
Parmi les nombreuses hérésies qui apparaissent à cette époque, citons : l’arianisme (négation de la divinité de Jésus) et le pélagianisme (doctrine de libre arbitre qui dit que l’homme peut se sauver par sa volonté, ses propres forces -> mérite par les œuvres).
Et bien sûr : le culte des saints, le baptême des enfants, les superstitions, l’ornement des temples, le culte des images, la messe, les sacrements, le purgatoire, la pompe des anciens cultes lévitiques et païens : emblèmes, statues, costumes, autels, vases sacrés et cérémonies.
- Alors, dans ces ténèbres, y a-t-il toujours un reste, une Eglise fidèle? Oui, comme dit, un reste fidèle a toujours subsisté, sinon l’Evangile ne nous serait pas parvenu!
Or l’Eglise fidèle de cette époque – qui n’a pas voulu entrer dans ce système inique – est forcément persécutée, très affaiblie en nombre et, de plus, elle subit une période de troubles politiques importants…
- 476 : La chute de l’Empire romain d’Occident
Envahie par les Vandales, les Wisigoths, les Alamans, les Burgondes et les Huns, Rome succomba et ce fut la fin de l’Empire d’Occident.
- Dans de telles circonstances de persécutions, qu’aurions-nous fait, à la place de l’Eglise fidèle?… sans doute comme eux, pour survivre, nous aurions fui…
L’Eglise du Désert – les croyants des Alpes – les Vaudois du Piémont
Lisons ensemble Apocalypse 12 : 1-6. Ce passage, et en particulier le verset 6, fait allusion à cette Eglise fidèle, fortement éprouvée et menacée qui, à un moment donné, doit «fuir au désert», pour survivre et pour y être nourrie par son Dieu pendant un temps.
C’est de cette Eglise du Désert, dont nous parlons en fait aujourd’hui, au travers de l’étude des Vaudois du Piémont. Or l’Eglise du Désert n’inclut pas seulement les Vaudois, mais tous les chrétiens fidèles – en tout temps – qui ont dû ou devront encore se retirer dans des lieux déserts ou cachés, fuir à l’étranger, ou vivre en société alternative parmi un système inique, pour échapper à la persécution. Sans pouvoir tous les citer, ce sont : les Huguenots, les Cathares, les Albigeois, les Lollards, les Hussites, etc.
Une partie de ces chrétiens se sont réfugiés dans les Alpes – notamment dans les Alpes cottiennes – région à cheval entre la France (Savoie, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) et l’Italie (Piémont). On les a appelés très largement les croyants des Alpes.
Et parmi ces croyants des Alpes, les Vaudois du Piémont occupent une place très importante.
Les Vaudois du Piémont dans l’histoire du christianisme fidèle
Les origines
Dans la majorité des documents sur les Vaudois du Piémont, on trouve l’info qu’ils tirent leur nom d’un riche marchand de Lyon nommé Pierre Valdo, ayant vécu dans les années 1200.
Mais est-ce vraiment le cas et si non, d’où les Vaudois du Piémont tirent-ils réellement leur origine?
Pierre de Lyon (dit Pierre Valdo)
Né à Lyon en 1140 et décédé vers 1217, il est un riche marchand lettré, alors que la majorité de ses contemporains ne savaient ni lire ni écrire. Il se convertit après avoir été frappé par la mort subite d’un de ses amis, et après avoir recherché la vérité dans la Bible. (Il en traduira d’ailleurs plus tard des portions en deux langues vulgaires).
Il réalise les innombrables incohérences qui existent entre la Parole de Dieu et les enseignements de l’église romaine et décide de faire connaître la Bible et de condamner toute doctrine qui lui est contraire. Pour répandre la vérité, Pierre de Lyon fait faire des copies des Ecritures et forme des disciples qu’il envoie deux par deux pour les diffuser et les expliquer.
L’archevêque de Lyon ordonne à lui et à ses disciples d’arrêter de se mêler d’enseigner la Bible sous peine d’être excommuniés, poursuivis et brûlés comme hérétiques. Ces menaces ne les arrêtent pas.
Le pape Alexandre III excommunie Pierre de Lyon et ordonne que ses adhérents soient persécutés. Lui et plusieurs de ses disciples – surnommés les «pauvres de Lyon» – sont obligés de quitter la ville. Dieu les utilisera pour répandre l’Evangile partout où ils se disperseront ainsi que pour fortifier de petites communautés chrétiennes qui refusent aussi les erreurs de Rome.
Certaines sources disent que Pierre de Lyon atteint les vallées alpines du Piémont où il rencontre les Vaudois, devient proche d’eux et œuvre avec eux.
Ce qu’on peut dire avec certitude, c’est qu’il fut un disciple de Jésus-Christ consacré et qu’il accomplit une œuvre fructueuse qui peut être rapprochée de celle des Vaudois.
Pourquoi les Vaudois ne peuvent pas tirer leur nom dudit Pierre Valdo
- Tout d’abord, on trouve l’appellation «Vaudois» attribuée aux chrétiens du Piémont dans des documents antérieurs à la naissance dudit Pierre Valdo.
- Dans les documents officiels, ses disciples ne sont jamais appelés «Vaudois», mais «pauvres de Lyon».
- A l’époque dudit Pierre Valdo, on n’utilisait que le nom de baptême (il n’y avait pas de noms de familles). Donc, dans les écrits d’époque, il est ordinairement appelé : Pierre, citoyen de Lyon ou Pierre, marchand ou négociant de Lyon. Mais jamais Pierre Valdo.
- Dire que son nom de famille désigne son lieu d’origine est également faux; c’est une erreur étymologique.
La raison la plus vraisemblable pour laquelle on l’a plus tard appelé Pierre Valdo, c’est qu’on ait accolé à son prénom un surnom synonyme de Vaudois («Pierre le Vaudois»), en raison de ses contacts et affinités avec les Vaudois, ou à cause de la similitude de son œuvre avec la leur.
L’origine la plus vraisemblable du nom des Vaudois
Sans qu’on puisse repousser absolument une étymologie qui viendrait du nom des vallées alpestres de l’Italie où ils sont établis, Vallenses et Valdenses, l’explication la plus fondée semble être celle de La Noble Leçon (Document original de l’antique Eglise vaudoise datant de 1100). Précisons que ce document date d’avant la naissance de Pierre Valdo (né en 1140)!
Cet écrit indique que le nom de vaudès était une injure sanglante qui équivalait à une accusation de sorcellerie et avait, dans la langue romane, le sens de «sorcier». Cette signification est avérée par plusieurs documents historiques (entre autres, il y a un texte où Jeanne d’Arc est traitée de vaudoise, enchanteuse, hérétique, etc.) Un autre écrit atteste qu’on accusait les «hérétiques» de cette région du Piémont de sorcellerie.
On notera que les Vaudois eux-mêmes ne se sont jamais nommés ainsi – on le comprend! Par contre, ils sont appelés : «la plus ancienne église évangélique» ou «l’Israël des Alpes».
Les Vaudois du Piémont ne doivent donc pas être confondus avec les disciples dudit Pierre Valdo, ni ce dernier abusivement pris pour leur fondateur. Des chrétiens persécutés se sont réfugiés dans les Alpes bien avant la naissance de Pierre de Lyon au XIIe siècle!
- Beaucoup d’historiens modernes se sont ralliés à la thèse d’une origine des Vaudois liée à Pierre Valdo. Or les anciens historiens vaudois et protestants (Crespin, Jean Léger, D’Aubigné, Muston…) ont pour leur part tous affirmé que la doctrine évangélique dans les vallées vaudoises remonte au temps des apôtres.
Antoine Monastier, auteur d’un des meilleurs et plus fiables documents sur l’Eglise vaudoise (Histoire de l’Eglise vaudoise depuis son origine et des Vaudois du Piémont), a défendu cette thèse en détails. Citons-en un seul point : La présence d’une Eglise «non romaine» dans les vallées vaudoises est attestée par plusieurs témoignages anciens, dont celui d’Atto, évêque de Verceil (en 945) qui mentionne une «Eglise séparée qui tourne en dérision le culte des saints et la messe».
Pour en savoir plus sur ce thème :
http://www.info-bible.org/livres/annexes.vaudois/4.origine-vaudois.htm
- Alors pourquoi de telles «confusions» ou mensonges historiques?
Deux principales explications :
- ça ne rendait pas la réputation des persécuteurs très brillante qu’il soit écrit dans l’histoire que le nom des Vaudois venait du fait qu’ils les traitaient de sorciers.
- s’il était écrit dans l’histoire que les Vaudois étaient apparus à l’époque dudit Pierre Valdo (vers 1200), cela permettait de «faire disparaître» les siècles de persécutions qu’ils avaient déjà subies avant cette date.
- Et maintenant Esther va vous présenter quelques-unes des forces des Vaudois…
Aspects sociologiques, éducatifs et de santé des Vaudois – (EB)
Aspects sociaux
Comme Natacha nous l’a présenté, les chrétiens du Piémont ont réellement un rapport avec l’Eglise primitive fondée par les apôtres; évidemment, à l’époque, Paul n’est pas confronté au catholicisme, mais au paganisme. Grâce aux évangélistes, l’Evangile s’est tellement répandu dans toutes les contrées alentour, que l’empereur Constantin-le-Grand en 330 env. déclare le christianisme religion d’Etat. Il y a certains avantages à ce changement : la persécution cesse, mais imaginez-vous que l’on commence à utiliser les temples païens pour en faire des cultes chrétiens. Du coup, un flux d’influences païennes envahit le christianisme; les gens étaient habitués aux idoles et à toutes sortes de rites. En gros, c’est dans ce méli-mélo que l’église catholique est née. Certains avaient certes encore une foi saine jusque dans les années 300 ou plus, mais un fossé de plus en plus grand se creuse entre les vrais chrétiens nés de nouveau et les faux chrétiens qui jouent à l’église et utilisent ce support pour manipuler le peuple.
Les persécutions reprennent, mais cette fois non plus de la part des païens, mais du clergé catholique qui s’est arrogé des droits et qui redoute les vrais chrétiens, ainsi que de perdre le pouvoir et l’argent amassé auprès des pauvres.
La persécution est telle qu’il faut quitter Rome et les environs et se réfugier dans les endroits reculés. Les chrétiens sont considérés comme des ennemis de la patrie et des rebelles. Quand vous lisez certains ouvrages, vous avez presque envie de vomir tant l’horreur des persécutions était violente. Mais l’église catholique a tout étouffé et on ne retrouve que peu d’écrits sur ces ignominies. Le fer, le feu, des instruments de torture… des milliers et des centaines de milliers, des millions sont morts en silence à cause de leur foi. Les témoins de la foi ont été poursuivis et traqués à travers monts et vallées, au sein des forêts et dans les cavernes des rochers où ils s’étaient réfugiés.
Je vous donne un exemple terrible : en 1687, avec le soutien de l’armée française, il a été décidé d’éliminer à jamais les Vaudois. Sur 14 000 qui avaient survécu, en trois jours, 2 000 sont tués sur le champ et 8 000 sont jetés en prison. Le reste abjure sous la pression (env. 2 000). Malgré cet événement, les chrétiens gardent la foi et s’organisent encore mieux.
Avec un tel passé on comprend qu’au fil des années, les Vaudois rejetés de la société forment une sorte de société très retirée, vivant en autarcie.
Privés de la vie normale, d’école pour les enfants, de toute activité professionnelle, souvent confinés dans un territoire limité, sorte de ghetto, ils sont privés du droit de cité et de toute fonction publique. Ils apprennent donc à s’organiser de manière très élaborée. Ils sont à l’origine d’une future société libre.
La responsabilité, la solidarité et le courage sont le caractère même des Vaudois. Une vraie petite société alternative; un système parallèle se met en place pour leur survie.
N’y tenant plus, déjà vers les années 1560, des regroupements entiers de chrétiens émigrent. En 1848, encore davantage émigrent vers des pays étrangers; une multitude de colonies s’implantent en Amérique du Sud, notamment en Uruguay et en Argentine, qui comptent des dizaines d’églises et des milliers d’adhérents en partie encore actifs.
Aspects de l’éducation
Aussi tendres et affectueux que soient les parents, ils aiment trop sagement leurs enfants pour les laisser s’accoutumer à une vie facile. Ces jeunes gens ont la perspective d’une vie d’épreuves et de renoncement qui peut se terminer par le martyre. Dès leur enfance, ils sont accoutumés à endurer des privations et à se soumettre à l’autorité paternelle. Ils apprennent aussi très tôt à porter des responsabilités, à ne parler qu’avec circonspection et à connaître la valeur du silence. Une parole inconsidérée prononcée devant leurs ennemis pouvait mettre en danger non seulement la vie de celui qui la proférait, mais aussi celle de centaines de leurs frères.
On leur enseigne que, conformément aux desseins de Dieu, la vie est une discipline, et qu’ils ne peuvent subvenir à leurs besoins que par le travail personnel, la prévoyance, l’économie et la foi en Dieu. C’est un régime laborieux et pénible, mais sain et convenant à l’homme déchu : l’école voulue de Dieu en vue de son éducation et de son développement moral. Mais tout en accoutumant la jeunesse au travail et aux privations, on ne néglige pas sa culture intellectuelle. On lui apprend que toutes ses facultés appartiennent à Dieu et qu’il lui incombe de les développer en vue de son service. Les écoles sont réparties dans les hameaux pour les plus petits, et pour les plus grands dans les villages.
Niveau intellectuel et spirituel des enfants
Les enfants ont un niveau intellectuel et spirituel très élevé. Ils sont capables de défendre, versets bibliques à l’appui, tous les points de leur doctrine; l’apologétique de leur confession de foi est un sujet maîtrisé. Ils répondent avec sûreté et sans hésitation, même devant les membres du clergé catholique.
L’aristocrate Beckwith finance les écoles des Vaudois et les soutient activement. Beaucoup de ces écoles existent aujourd’hui encore.
Aspects professionnels
es Vaudois, ayant sacrifié à la vérité toute prospérité terrestre, demandent péniblement leur pain quotidien au sol de leurs montagnes. Chaque pouce de terre cultivable, jusque dans les combes et les ravins, est utilisé.
Les Vaudois sont paysans, bergers, artisans ou encore colporteurs.
Deux métiers apparaissent beaucoup dans l’histoire des Vaudois : les artisans et les colporteurs.
Les artisans, très habiles, fabriquent toutes sortes d’objets qu’ils vendent sur les marchés.
Les colporteurs vont vendre des marchandises et, par là même, en profitent pour partager leur foi et semer la Parole sur leur passage, touchant un grand nombre de cœurs, mais expérimentant aussi de grandes oppositions.
Aspects santé
Torre Pellice, qu’Edmondo De Amicis appelait la Genève italienne, accueille les nombreuses institutions et les édifices qui en font le centre du monde vaudois. Celles-ci comprennent notamment :
- Le Lycée Vaudois (Liceo Valdese) construit en 1832.
- L’Hôpital Vaudois (Ospedale Valdese), qui fut construit avec l’aide du tsar de Russie et du roi de Prusse, et dont la gestion est désormais pilotée par l’administration régionale piémontaise.
- Le nouveau Temple Vaudois (Tempio Valdese).
- La Maison des diaconesses vaudoises (Casa Valdese delle Diaconesse).
- La Maison Vaudoise (Casa valdese) où se réunit le synode de l’Eglise évangélique vaudoise.
- Le Musée Vaudois (Museo Valdese) de Torre Pellice. Sur le tard, grâce aux revenus de 8/°°° imposés par l’Etat.
On trouve également : des maisons de repos, des centres culturels Agape ainsi qu’une panoplie de maisons de retraite. Tous y sont acceptés : homosexuels, Juifs, marginaux, féministes, bouddhistes… on y prône l’œcuménisme.
Un peuple qui a su résister pendant des siècles
Leur force
Les Vaudois ont depuis toujours eu une forte volonté et un grand courage. Ceci parce qu’ils mettaient leur foi dans le Dieu tout-puissant, mais aussi parce qu’ils s’appliquaient à transmettre leur héritage aux générations qui suivaient.
Cultes dans les vallées et communion fraternelle
Par leur pureté et leur simplicité, les églises vaudoises rappelaient l’Eglise des jours apostoliques. Rejetant l’autorité des papes et des prélats, elles ne reconnaissaient comme leur règle suprême et infaillible que le texte des saintes Ecritures. Contrairement aux prêtres de Rome, leurs pasteurs suivaient l’exemple du Maître qui était venu «non pour être servi, mais pour servir». Loin de la pompe et de l’orgueil des hommes, on s’assemblait, non pas dans des temples luxueux ou dans de magnifiques cathédrales, mais à l’ombre des monts, dans quelque combe alpestre, ou encore, en cas de danger, dans quelque caverne de la montagne pour y écouter la Parole de la vérité. Le pasteur ne se contentait pas de prêcher l’Evangile, il visitait les malades, instruisait les enfants, reprenait les égarés, s’efforçait d’aplanir les différends et de maintenir la concorde et l’amour fraternel.
Les pasteurs servaient en outre d’instituteurs. Sans négliger les connaissances générales, ils donnaient la première place à la Bible dans leur programme d’études. On y apprenait par cœur les Evangiles de saint Matthieu et de saint Jean, ainsi que plusieurs épîtres. On s’y occupait aussi à copier la Parole de Dieu. Certains manuscrits contenaient cette Parole au complet; d’autres, seulement une partie. Les Vaudois se répandaient rapidement, proclamant la Parole et construisant des églises partout où ils allaient. Une communion fraternelle très forte les unissait.
Aspects de l’évangélisation
Répandre l’Evangile était, pour les premiers Vaudois, plus important que tout, plus important que le boire et le manger, plus important que leur propre vie; ils s’employaient à investir tout leur génie à la propagation de l’Evangile (bouts de papier minuscules, cousus dans les ourlets des habits ou pliés dans des bagues). Beaucoup devenaient des colporteurs qui vendaient toute sorte d’artisanat, mais quand l’heure était venue, ils disaient : «…Nous avons quelque chose de bien plus précieux à vous apporter, mais vous ne devez pas nous dénoncer…» Et ils partageaient des passages de la Bible et expliquaient simplement l’Evangile. Par centaines les gens venaient à Christ en toute simplicité, en sachant qu’il en allait de leur vie.
Prêcher sur les places publiques ou dans les rues est alors interdit par l’église catholique romaine. Seuls les prêtres et les clercs, en effet, sont autorisés à le faire. Aussi, beaucoup meurent pour leur foi. Malgré la répression, les Vaudois savent s’organiser. Leurs prédicateurs, nommés «barba» (oncles), pour accentuer leur distance avec les «pères» catholiques, parcourent les chemins d’Europe en suivant des itinéraires précis, pour visiter périodiquement les petits groupes de croyants et de sympathisants. Pendant la période hivernale, ils se réunissent pour étudier la Bible.
Le courage d’être différent
A l’époque si quelqu’un se sentait attiré par les choses de Dieu, il rentrait dans les ordres religieux catholiques, mais un laïc qui prêchait aux illettrés, aux rejetés de la société, et tout cela non pas en latin mais dans la langue du peuple, c’était carrément s’opposer aux directives de la grande église catholique. Cela n’empêchait pas les Vaudois de continuer à prêcher. Sitôt convertis, aussi illettrés qu’ils étaient, ils devenaient plus sages et plus éloquents que le commun des mortels.
Le mouvement des femmes
Dès le commencement, les Vaudois partaient du principe que les femmes étaient des âmes que le Seigneur voulait utiliser. Aussi, beaucoup d’entre elles commencèrent à prêcher l’Evangile. Quel contraste, sachant qu’à l’époque les femmes n’étaient pas considérées comme des êtres à part entière.
Afin de ne pas se faire prendre, ils apprenaient des pages entières de la Bible par cœur ou en écrivaient des passages en micro-écriture sur de petits bouts de papier et les cachaient par exemple dans des bagues.
On peut se poser la question comment un peuple a tenu bon si longtemps, sachant que les Vaudois n’ont acquis une existence légale qu’en 1988. Malheureusement, à cette heure-là, la foi vivante les avait déjà quittés.
Mais je me suis posé la question. A l’époque, comment ont-ils fait pour avoir une telle foi, pour résister aussi longtemps?
Il est vrai que posséder la Bible ou ne serait-ce qu’une partie de la Bible en langue courante était pour eux une vraie grâce, un énorme privilège. La lire et la méditer quotidiennement était source de vie! Nous, nous avons plusieurs bibles à la maison, dans plusieurs versions, parfois en plusieurs langues différentes. Mais quelle valeur a-t-elle dans notre vie?
Nous qui sommes ici, nous voulons garder nos lampes allumées. Quand on parle de Christ, nos cœurs s’enflamment et brûlent de pouvoir le servir.
C’était précieux pour moi d’aller dans cette région et de découvrir comment l’Evangile est arrivé jusqu’à nous.
Mais qu’est-ce que nous en faisons, de cet Evangile? Il est plus précieux que les diamants. Que Dieu nous garde pour continuer à l’apporter plus loin avec soin, comme eux l’ont fait.
Nous allons voir la suite de l’histoire avec Raphaël qui va survoler le temps… accrochez-vous!
Suite du parallèle histoire de l’Eglise – histoire séculière – (NN et RM)
Thyatire
- 622 : L’hégire
Au Moyen-Orient, Mahomet suscita une grande opposition de la part de ses concitoyens car il prêchait l’islam. Il partit donc de La Mecque et alla à Médine, suivi par ses disciples. Cet épisode s’appelle l’hégire et les musulmans comptent les années à partir de cet exil. De là s’ensuivit une guerre entre La Mecque et Médine, la ville du prophète.
- 630 : La prise de La Mecque
En l’an 630, Mahomet s’empara de La Mecque et, une fois qu’elle fut purifiée, il en fit le centre de la religion islamique.
- L’unification des Francs
Clovis, un chef d’une des tribus qui occupaient la France à cette époque, réussit à réunir les Francs sous sa domination. Conscient qu’il avait besoin de la religion, il se fit catholique. C’est ainsi qu’est né le royaume des Francs. Clovis mourut en 511.
- 733 : La bataille de Poitiers
En 733, Charles Martel repoussa l’offensive arabe à Poitiers et par là même arrêta la progression des troupes musulmanes qui avaient déjà envahi le nord de l’Afrique et la péninsule ibérique.
A cette époque, l’Eglise, sous domination papale, plonge un peu plus dans les ténèbres du paganisme et de l’occultisme. Le christianisme est devenu traditionnaliste et complètement dénaturé par les hérésies. C’est la plus longue période prophétique de l’histoire de l’Eglise.
Mais, comme à toutes les époques, il existe un reste fidèle. Et en ce temps-là, de fortes oppositions aux envahissements du culte romain se manifestent. L’une des premières traces qu’on ait de l’émergence de l’Eglise du Désert et l’un des éléments les plus marquants de sa résistance, c’est…
L’épiscopat de Claude, évêque de Turin
Claude de Turin est mort en 828 (date de naissance incertaine). Durant les dix-sept ans de son ministère, sous le pontificat de Pascal Ier, il a ravivé la flamme de l’Evangile dans les vallées vaudoises; il avait à cœur de reconstruire l’Eglise fidèle.
Prédicateur éloquent, versé dans la connaissance de la Parole de Dieu, il a fait disparaître toutes les images des basiliques et écrit des livres pour répondre aux adversaires de la foi chrétienne. Ces écrits sont perdus, à l’exception des lambeaux que son adversaire en a conservés. Bien qu’incomplets et mutilés, ils restent un éclatant témoignage de la doctrine qu’il prêchait dans les mêmes contrées où elle sera plus tard professée par les Vaudois. On peut dire qu’il a été un Vaudois avant les Vaudois.
Il y eut également à cette époque de vives oppositions aux décisions du second concile de Nicée, en 787, favorables au culte des images, dans les états de Charlemagne (France, Allemagne, nord de l’Italie, une partie de l’Autriche et la Suisse actuels).
Ces décisions, et d’autres, sur le signe de la croix, furent repoussées par le concile de Francfort, en 794. Ceux qui n’adoraient pas les images s’étant fait excommunier par les prélats du concile de Nicée, Charlemagne prit position contre ces derniers et fit observer qu’ils avaient par là excommunié et déclaré hérétiques leurs propres pères, et qu’ayant été consacrés par eux, leur consécration était donc nulle; qu’ainsi, ils n’étaient pas de vrais prêtres.
- 814 : La séparation du royaume des Francs
Charlemagne accéda au trône des Francs en 768 et régna jusqu’en 814. En 840, à la mort de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, les deux fils cadets s’unirent contre l’aîné et imposèrent le traité de Verdun qui partagea le royaume en trois. Louis dit le Germanique obtint la Francie orientale, qui deviendra plus tard l’Allemagne, Charles le Chauve obtint la Francie occidentale, qui deviendra plus tard la France, et Lothaire, l’aîné des trois fils, obtint la Lotharingie. A la mort de ce dernier, la Lotharingie se disloqua et le nord fut disputé par les deux frères, tandis qu’au sud se formèrent des états indépendants.
- 962 : La fondation du Saint Empire romain germanique
En 962, Otton Ier le Grand réunit les états allemands et fut couronné empereur du Saint Empire romain germanique par le pape.
- 1346-1453 : La guerre de Cent Ans
Cette guerre se déroula en quatre phases :
1re phase
La première phase est gagnée par les Anglais conduits par Edouard III. Les Anglais sont maîtres d’un quart du territoire français.
2e phase
La deuxième phase est gagnée par les Français conduits par Charles V. Il ne reste aux Anglais que cinq villes.
3e phase
La troisième phase est gagnée par les Anglais conduits par Henri V. Henri VI est nommé roi de France et d’Angleterre.
4e phase
La quatrième et dernière phase est gagnée par les Français conduits par Charles VII et la célèbre Jeanne d’Arc. Il ne reste aux Anglais que la ville de Calais.
- 1453 : La prise de Constantinople par les Turcs et la chute de l’Empire romain d’Orient
En 1453, les Turcs prennent Constantinople. Sa chute engendre la chute de l’Empire romain d’Orient.
- 1492 : La découverte de l’Amérique
En 1492, Christophe Colomb débarqua à Cuba et découvrit sans le vouloir l’Amérique. Par là même, il ouvrit la voie à des voyages vers l’ouest.
- 1512-1516 : Les guerres d’Italie
Le fils de Louis XI engagea la guerre et s’empara de Naples. Son successeur prit le Milanais avant d’être vaincu à Novare par les troupes suisses, alliées des Italiens. Puis François Ier (pas le pape) arriva sur le trône et vainquit les Suisses à Marignan. Grâce à ces guerres, le mouvement de Renaissance italien s’étendit en France, puis dans toute l’Europe.
Sardes (1517-1720)
Cette période prophétique de l’histoire de l’Eglise est caractérisée par la Réformation, le piétisme et les frères moraves, par une restauration de la Parole de Dieu et par une recherche des principes bibliques fondamentaux. L’histoire des Vaudois de cette époque en est le reflet.
L’attachement des Vaudois à la Parole de Dieu – la Bible Olivétan
Durant des siècles de persécutions, les Vaudois du Piémont ont été caractérisés par leur attachement à la Parole de Dieu, et c’est ce qui leur a permis de résister aussi longtemps!!! Ils en mémorisaient des livres entiers et la transmettaient fidèlement et efficacement aux générations suivantes.
Les Vaudois auront une très forte influence sur Jan Hus et la Pré-Réformation.
Mais durant la seconde moitié du XVe siècle, l’Eglise vaudoise est usée par la persécution et plusieurs de ses membres ont cédé au compromis. En échange de documents qui leur assurent la paix, plusieurs vont à la messe, se confessent ou font baptiser leurs enfants par des prêtres.
Aussi, lorsqu’ils entendent parler de la Réformation, les Vaudois y voient l’espoir du soutien d’autres frères et sœurs, et même le triomphe sur l’antichrist tant attendu. Ils prennent alors contact avec les réformateurs et font plusieurs voyages pour aller les trouver. En parfait accord avec eux sur le fond, ils rencontrent certaines divergences doctrinales et les invitent à venir les enseigner, afin de se mettre d’accord et de pouvoir conjuguer leurs efforts pour évangéliser le monde.
Lors du synode d’Angrogne, en 1532, en présence des réformateurs Farel et Saunier venus de Suisse, la décision est prise de faire traduire et imprimer la Bible complète en français, vu la rareté des manuscrits et la difficulté croissante de les recopier. C’est un parent de Calvin, Pierre Robert Olivétan, qui est chargé de cette traduction. Cette bible sera imprimée à Neuchâtel, en 1535.
En pleines persécutions, les Vaudois ont été exemplaires en réunissant la somme nécessaire à couvrir les frais d’impression de la première Bible en français. 1500 écus d’or représentaient un montant considérable, surtout pour des gens qui vivaient modestement du fruit de leurs terres. (J’ai fait un petit calcul, d’après le poids de l’écu-or de l’époque. Au cours de l’or d’aujourd’hui, ça représenterait une somme de 190 000 CHF!!!). La Bible Olivétan posera le fondement de la langue française et aura une grande importance dans la diffusion de notre langue :
- le français deviendra désormais la langue d’usage des cultes dans les vallées vaudoises.
- plusieurs jeunes Vaudois iront étudier en français dans les académies réformées telles que celle de Genève.
- plusieurs prédicateurs réformés leur seront envoyés des pays francophones, car les pasteurs commençaient à manquer.
Par contre, nous devons mentionner que depuis cette alliance avec Calvin, les Vaudois du Piémont sont devenus des réformés, avec toute l’évolution que ceci a impliqué au cours des siècles qui ont suivi…
- 1588 : L’Invincible Armada
Philippe II, roi d’Espagne, forma une grande flotte de 130 navires, avec 16 000 marins, pour venger la mort de l’écossaise Marie Stuart et, par là même, ramener l’Angleterre à la foi catholique. Baptisée «Invincible Armada», cette flotte fut complètement décimée par les navires anglais.
- 1560-1598 : Les guerres de religion en France
Durant presque quarante ans, la France fut le théâtre de combats sanglants entre catholiques et protestants. Finalement, ce fut Henri de Bourbon, protestant, qui hérita du trône sous le nom d’Henri IV. Mais pour avoir le soutien du peuple, il se convertit au catholicisme.
- 1598 : L’édit de Nantes par Henri IV
Henri IV, une fois sur le trône, promulgua l’édit de Nantes qui permettait aux protestants de vivre leur foi.
- 1618 : La formation de l’Etat prussien
La Prusse, état du Saint Empire romain germanique, se forma rapidement et devint vite une grande puissance militaire qui joua un rôle très important dans les conflits du XVIIIe au XXe siècle.
- 1620-1648 : La guerre de Trente Ans
En raison des différends religieux au sein du Saint Empire, une guerre éclata, qui dura trente ans. Trois premières phases se succédèrent qui virent les défaites des rois de Suède et du Danemark ainsi que des protestants face aux troupes catholiques de l’empereur. Puis la France intervint et contraignit ce dernier à négocier. Ainsi furent rédigés les traités de Westphalie qui acquirent la liberté de religion aux princes du Saint Empire.
- 1645 : La première République d’Angleterre par Cromwell
Les monarques anglais ne se comportant plus selon les règles établies, les parlementaires décidèrent de les mettre au pas. Conduits par Olivier Cromwell, ils eurent rapidement la victoire sur le roi Charles Ier. Cromwell devint ensuite un dictateur qui portait le nom de «Lord de la République». A sa mort, cet homme avait cependant fait la grandeur de l’Angleterre et en ce qui concerne les Vaudois, il intercéda avec ferveur en leur faveur et rédigea une lettre au duc de Savoie en des termes clairs et précis.
- 1685 : La révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV
Louis XIV, considérant qu’il n’y avait plus de réformés, puisque beaucoup avaient abjuré leur foi, révoqua l’édit de Nantes et soumit les protestants aux dragonnades.
Les Vaudois sont persécutés durant toute cette période (1656-1690). Ils fuient, notamment en Suisse et en Allemagne. Puis ils effectuent une rentrée armée dans les Alpes du Piémont. Le duc de Savoie leur redonne le droit de s’établir sur leurs terres par un édit, en 1694. Mais rapidement, les ségrégations et les persécutions reprennent et les Vaudois se dispersent à nouveau en grand nombre dans toute l’Europe…
Philadelphie (1721-1959)
- 1776 : L’Indépendance américaine
Suite à la guerre de Sept Ans, les Américains se révoltèrent à cause des impôts exigés par le roi d’Angleterre. Après une guerre relativement courte, les Américains, soutenus par les Français et les Espagnols, gagnèrent leur indépendance.
Cette période de l’histoire de l’Eglise est caractérisée par les grands réveils, les mouvements de Pentecôte et de guérison, ainsi que par l’expansion des missions dans le monde.
Pour l’Eglise fidèle, d’une manière générale, on place souvent la fin de la période prophétique de son exil au Désert en 1798. C’est à cette date que Napoléon Bonaparte exile le pape Pie VI de Rome à Valence et que l’Eglise de Rome perd le pouvoir temporel qu’elle exerce sur la majorité des dirigeants de l’Europe. Selon la prophétie d’Apocalypse 12, les persécutions infligées à l’Eglise du Désert par le pouvoir papal pendant 1260 ans prennent fin à cette époque.
Ce revirement politique amène une légère amélioration à la situation des Vaudois, mais ils continuent à subir vexations et pressions. Au XIXe siècle, on brûlait encore toutes les bibles qu’on pouvait trouver dans les vallées. Durant toute cette période, les Vaudois subissent les aléas des enjeux politiques et des dominations successives qui déchirent leurs vallées. Entre persécutions et protections successives, les uns fuient, les uns restent et essaient de rester fidèles et d’autres restent mais font des compromis avec leurs persécuteurs.
- 1789 : La Révolution française
En 1789, le peuple français se révolta et les révolutionnaires prirent d’assaut la Bastille. Le roi fut ensuite contraint d’abdiquer. Suivit une période de terreur.
Selon plusieurs historiens chrétiens, la Révolution française a été le point culminant de siècles de politique papale, de guerre contre l’Evangile – dont le rejet de la Réforme et la persécution des réformés – et l’aboutissement logique d’une volonté d’éradiquer la Parole de Dieu. Elle a eu, et a encore aujourd’hui, une influence très négative sur la France, dans tous les domaines, notamment spirituel.
- 1799 : Le coup d’Etat de Bonaparte en France
Napoléon Bonaparte revint de sa campagne d’Italie et prit le pouvoir par un coup d’Etat.
- 1804 : Napoléon Ier
Bonaparte fut proclamé empereur de France sous le nom de Napoléon Ier.
- 1803-1815 : Les guerres napoléoniennes
Le nouvel empereur de France conduisit ses troupes à la victoire jusqu’à la bataille de Leipzig. Il fut conduit à l’île d’Elbe mais revint pour tenter de reprendre le pouvoir. Débuta alors l’aventure des Cent-Jours qui se termina par la défaite de Waterloo. Napoléon mourut exilé sur l’île Sainte-Hélène.
- XIXe siècle : La révolution industrielle
Le XIXe siècle fut un siècle de grandes inventions. La vapeur fut mise au service des transports. Les industries se développèrent. Des mines virent le jour. Le chemin de fer fit son apparition et une nouvelle bourgeoisie émergea : la bourgeoisie industrielle.
- 1859 : La bataille de Solferino
Cette bataille fut décisive dans la guerre qui opposa les forces unies de la France et de la Sardaigne contre les forces autrichiennes. Cette bataille fut l’une des plus sanglantes de l’histoire, et c’est lors de celle-ci qu’Henri Dunant conçut ce qui allait s’appeler plus tard la Croix-Rouge.
- 1870-1871 : La guerre franco-allemande
Ayant réussi à réunir les états allemands dans la Confédération de l’Allemagne du Nord, le roi Guillaume Ier et son chancelier Bismarck déclarèrent la guerre à la France. Les Français furent maîtrisés en moins d’un mois par les troupes de Moltke.
- 1871 : Formation de l’Empire allemand
Suite à la guerre franco-allemande, le roi de Prusse réunit les états allemands sous sa domination et fonda ainsi le Reich allemand.
- 1914-1918 : La Première Guerre mondiale
Le 28 juin 1914, l’archiduc héritier d’Autriche et sa femme furent tués dans un attentat à Sarajevo. Les forces de la Triple-Entente, composées de troupes allemandes et austro-hongroises, prirent ce prétexte et déclarèrent la guerre aux troupes françaises, anglaises, italiennes et russes. Cette guerre fut caractérisée par de grands mouvements mais, au fil du temps, la guerre s’enlisa dans les tranchées. En 1917, les Etats-Unis entrèrent en guerre, remplaçant ainsi la perte de la Russie qui avait signé la paix avec l’Allemagne. Les troupes de l’Axe furent défaites.
- 1922 / 1929 : L’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini et les accords de Latran
Par les accords de Latran, conclus entre Mussolini et le pape Pie XI, l’église catholique romaine retrouve son indépendance politique et sa souveraineté. Elle est désormais une monarchie sur laquelle le pape règne en monarque absolu. En 1929, Mussolini contraint les Vaudois d’Italie à abandonner le français et à «italianiser» leurs noms.
- 1939-1945 : La Seconde Guerre mondiale
Les forces de l’Axe, composées de l’Allemagne, de l’Italie et de la Russie, conduites par Hitler, Mussolini et Staline, préparaient ouvertement la guerre. Les forces alliées de la France et de l’Angleterre exigèrent le retrait immédiat des troupes allemandes de Pologne. Hitler fit la sourde oreille et c’est ainsi que débuta la Seconde Guerre mondiale. Les forces de l’Axe annexèrent rapidement les pays alentour. La progression des forces allemandes en France était inquiétante. Des camps de concentration furent construits et on assista à ce qu’on appelle la Shoah, c’est-à-dire l’extermination des Juifs, groupes de population marginalisés par le régime nazi et opposants à ce dernier. Mais le vent tourna lorsque l’Allemagne mit en œuvre le plan Barberousse et envahit la Russie. Les Russes résistèrent et réussirent à repousser les Allemands. Les Etats-Unis entrèrent alors en guerre à cause de l’adhésion du Japon à l’Axe Rome-Berlin. La guerre dura encore quatre longues années. Le débarquement de Normandie fut alors organisé et, à bout de ressources, les forces de l’Axe commencèrent à reculer, autant en Europe que dans le Pacifique. L’Italie, bientôt suivie par l’Allemagne, rendit les armes et le Japon lâcha prise après les deux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki. Ainsi se termina l’une des plus grandes tragédies de l’histoire.
- 1945 : La fondation de l’ONU
Pour éviter qu’une nouvelle guerre ne survienne, les dirigeants des pays vainqueurs décidèrent de fonder l’Organisation des Nations unies.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’une des traces de l’Eglise fidèle se retrouve notamment en Allemagne. Une très faible partie des chrétiens évangéliques et luthériens, appelée l’Eglise confessante, s’opposera vigoureusement au nazisme et se séparera du reste des évangéliques et protestants d’Allemagne – majoritairement favorables à Hitler – au prix de violentes persécutions et au prix de la vie de plusieurs d’entre eux, tels que par exemple : Dietrich Bonhoeffer.
Laodicée (1960-…)
- 1945-1990 : La guerre froide
A la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’URSS et les USA rivalisèrent pour étendre leur influence en Europe et en Extrême-Orient. Ce fut la guerre froide, une guerre sans affrontements physiques mais une course folle à l’armement. On vit alors se développer en masse les armes nucléaires, les missiles, etc. C’est durant ces temps de tensions extrêmes que fut édifié le tristement célèbre mur de Berlin qui tomba en 1989.
Pour cette période finale avant l’enlèvement de l’Eglise, marquée par la tiédeur, le compromis, l’œcuménisme et une spiritualité arrogante, je reprendrai simplement quelques mots que le pasteur Antoine Monastier adressait aux descendants des Vaudois, après avoir terminé d’écrire leur histoire, en 1846. Parce que nous sommes les héritiers spirituels des chrétiens de l’Eglise fidèle, ces mots s’adressent aussi à nous :
«Descendants des Vaudois, aspirez à ressembler à vos pères. Vous avez reçu de génération en génération le glorieux héritage de la saine doctrine, transmettez-le intact à vos enfants. Mais pour cela, chers compatriotes, gardez-vous de dire avec complaisance, comme l’Eglise de Laodicée : Je suis riche, je me suis enrichi, je n’ai besoin de rien. Craignez la tiédeur et l’indifférence religieuse, car derrière ces fatales dispositions se cache la mort.»
Aspects spirituels dans le passé et le présent (Conclusion)
Pourquoi avons-nous étudié l’histoire des Vaudois du Piémont et de l’Eglise fidèle, depuis les temps apostoliques jusqu’à nos jours?
Comme on l’a souvent enseigné dans notre contexte, étudier l’histoire en dehors d’une compréhension prophétique revient à remuer de la poussière; c’est une chose vaine!
Si nous étudions les Vaudois aujourd’hui, c’est dans le prolongement de ce que nous avons appris et vécu ce matin [voir Fêtes de l’Eternel – 2014-2015]. Nous avons été informés et instruits sur la signification prophétique des fêtes de l’Eternel, ce qui nous renseigne au sujet de notre position actuelle sur l’axe du temps. Plus que jamais maintenant, nous savons que le Seigneur peut revenir d’une minute à l’autre. Et, dans l’intervalle entre aujourd’hui et son avènement, il désire encore nous avertir, par le moyen de l’histoire, afin que nous tenions ferme jusqu’à la fin.
On retrouve beaucoup de caractéristiques communes entre notre œuvre et les Vaudois du Piémont; beaucoup de points forts que le Seigneur nous a aussi donnés dans sa grâce :
- Pendant longtemps, les Vaudois étaient un peuple attaché à la Parole de Dieu, fidèle à ses enseignements, qui s’est battu pour sa prééminence et pour sa diffusion. C’est ce qui leur a permis de tenir le coup durant des siècles de persécutions acharnées. Mais ils en ont payé un prix très élevé.
- Ils se sont aussi distingués dans le domaine de l’éducation chrétienne. Ils ont réussi pendant des siècles à transmettre leur héritage à la nouvelle génération.
- Ils vivaient aussi des réalités de la société alternative au sujet desquelles le Seigneur nous interpelle depuis des années.
- Sans parler des aspects de santé qu’ils ont aussi beaucoup développés.
Or quelle est leur situation, aujourd’hui? Eh bien, la réalité actuelle est douloureuse et doit être regardée en face, si l’on veut pouvoir en tirer des leçons efficaces. Il est vrai que l’Eglise vaudoise actuelle a conservé une très forte identité – mais malheureusement plutôt culturelle, politique, ou à la limite religieuse, que réellement chrétienne, dans la lignée de l’Eglise fidèle. Dans sa très large majorité, l’Eglise vaudoise est devenue aujourd’hui à peu de choses près ce qu’est devenue notre soi-disant «Eglise évangélique réformée», c’est-à-dire, un très pâle ersatz de ce qu’elle a pu être… Voilà la réalité actuelle.
Alors que faire? Se laisser décourager? Ou essayer de recouvrir cette réalité par des constats positifs? Non, nous devons considérer cette réalité avec maturité spirituelle. C’est-à-dire que nous devons essayer de comprendre comment ils en sont arrivés là et… d’en tirer des leçons pour qu’il ne nous arrive pas la même chose!
Voici quelques éléments de réflexion sur les raisons pour lesquelles il ne reste quasi rien des Vaudois du Piémont, aujourd’hui, alors qu’ils ont résisté fidèlement à huit siècles de persécutions intensives :
- Tout d’abord il faut relever deux tendances naturelles de l’Eglise – quand elle rétrograde de la position surnaturelle qui devrait être la sienne :
- glisser vers une conformité avec le monde qui l’entoure.
- de ne plus vouloir souffrir.
- D’autre part, les périodes de persécutions – même si sur le moment elles semblent souvent «garder» les chrétiens du compromis et de la tiédeur – à la longue, elles usent et affaiblissent le peuple de Dieu, voire même peuvent le tuer, c’est-à-dire l’amener à rétrograder.
Exemple : Notamment vers la fin du XVe siècle, juste avant la Réforme, le peuple vaudois était dans une situation dramatique. Il était très affaibli. Usé par des années de persécutions acharnées, il avait petit à petit glissé loin de la Parole de Dieu. De fausses doctrines s’étaient infiltrées. Ses connaissances bibliques avaient diminué. Comme mentionné plus haut, plusieurs, ne supportant plus de souffrir, avaient fait des compromis avec leurs persécuteurs pour obtenir certains privilèges ou pour qu’on les laisse tranquilles.
Aujourd’hui, l’interpellation pour nous est la suivante :
Regardons l’histoire des Vaudois comme un miroir de notre propre histoire, avec ses forces et ses faiblesses. Et ayons le courage de nous évaluer sincèrement sur les points soulevés plus haut. Quelques questions précises pour nous y aider :
- Réalisons-nous à quel point c’est une question de vie ou de mort de rentrer dans les dimensions du surnaturel? (Pas par nos propres forces, mais en implorant le Seigneur de nous aider.)
- Sommes-nous encore un peuple prêt à souffrir au service de son Maître?
- Osons-nous reconnaître devant notre Seigneur que nous sommes un peuple affaibli et lui demander son aide, comme les Vaudois ont eu l’humilité de le faire, à certaines périodes extrêmement critiques de leur histoire?
- Où en sommes-nous dans l’application concrète de la Parole de Dieu dans nos choix de vie, nos priorités, nos activités? / Nos connaissances bibliques vont-elles en augmentant, depuis ces dernières années ou ont-elles diminué? / D’autres concepts se sont-ils substitués à certaines doctrines bibliques, parmi nous?
- Quelle est notre évaluation de la qualité de transmission de notre héritage spirituel aux générations qui nous suivent? / Les générations les plus récentes sont-elles plus fortes ou plus faibles que les précédentes?
Esther Brocard, Natacha Niklaus, Raphaël Mayor et Serge Brocard
Message apporté le dimanche après-midi 21.09.2014
lors de la fête des récoltes à Ressudens, Suisse
version – 23.09.14 / 23.04.15
Date de parution sur www.apv.org : 27.04.15
Principales sources bibliographiques et internet :
- Antoine Monastier, Histoire de l’Eglise vaudoise depuis son origine et des Vaudois du Piémont
- Jeanne Decorvet, L’épopée vaudoise, Editions Excelsis
- Site Info-Bible – Histoire de l’Eglise vaudoise
Références thématiques :