PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
Féminisation, modification du genre et puberté précoce, deux articles sur ce thème
Pourquoi les garçons deviennent des filles
Les modulateurs endocriniens [littéralement : «produits chimiques qui modifient le genre»] sont en grande partie absents des nouvelles réglementations de l’Union européenne, avertit Geoffrey Lean.
Les filles seront des filles et les garçons seront des filles : chaque jour, les modulateurs endocriniens féminisent un nombre croissant de bébés.
Voici quelque chose de plutôt moche, qui nous parvient du royaume du Danemark. Hier, son gouvernement a levé le voile sur une recherche officielle démontrant que les enfants de 2 ans sont menacés par une quantité ahurissante de modulateurs endocriniens contenus dans des objets courants tels que :
- vêtements imperméables;
- bottes en caoutchouc;
- literie, aliments;
- couches-culottes;
- crème solaire;
- crème hydratante.
Le rapport de trois cent vingt-six pages publié par l’EPA – Environmental Protection Agency (Agence américaine de protection de l’environnement) est la dernière pièce d’un puzzle de plus en plus alarmant. Il en ressort que cette contamination chimique omniprésente fait diminuer la quantité de spermatozoïdes [chez les hommes] et qu’elle féminise les enfants mâles dans tous les pays développés. Les mesures antipollution et les réglementations sont de loin insuffisantes pour lutter contre ce problème.
Le taux de spermatozoïdes diminue si rapidement que les jeunes gens sont moins fertiles que leurs pères et qu’ils ne produisent plus qu’un tiers de spermatozoïdes par rapport à ces derniers; proportionnellement, comme les hamsters. Les modulateurs endocriniens sont de plus en plus montrés du doigt, en ce qui concerne le mystère des «garçons perdus» : ces bébés qui devaient normalement être des garçons mais qui, au lieu de cela, sont nés filles.
Le gouvernement danois a fait des recherches pour savoir à quelle quantité de ces modulateurs endocriniens un enfant de 2 ans était exposé chaque jour. Il en a conclu qu’un enfant pouvait atteindre le «seuil critique» à partir de seulement quelques expositions de hauts niveaux à des substances telles que celles contenues dans les sabots en caoutchouc [crocs], et qu’il pouvait être mis en danger par la quantité absorbée au travers de sources variées allant de la nourriture aux écrans solaires.
Les résultats se basent sur des études antérieures démontrant que les enfants britanniques ont des taux plus élevés de modulateurs endocriniens dans le sang que leurs parents ou leurs grands-parents. En effet, le WWF – Worldwide Fund for Nature[1] (Fonds mondial pour la nature), qui avait commandé la plus ancienne recherche, avertissait que les substances nocives étaient si largement répandues que «peu de choses peuvent être faites par les individus – sinon aucune – pour prévenir la contamination pour eux-mêmes et pour leurs familles.»[2] En bonne place parmi ces substances chimiques figurent les dioxines, le PVC, les produits ignifuges[3], les phtalates (abondamment utilisés pour assouplir les plastiques) et les PCB [polychlorobiphényles], désormais pour la plupart interdits, dont on a utilisé 1,5 tonne dans de nombreux produits allant des peintures aux équipements électriques.
Les jeunes garçons dont il est question dans l’étude danoise pourraient finir par produire moins de spermatozoïdes et par développer un comportement efféminé. Une recherche de l’Université Erasmus de Rotterdam a permis de découvrir que les garçons dont les mères avaient été exposées aux PCB et à de la dioxine étaient nettement plus enclins à jouer à la poupée, à la dînette et à s’habiller en filles.
C’est dans le ventre de leur mère que les bébés sont le plus vulnérables. Une étude réalisée sur des cordons ombilicaux de mères britanniques a révélé que chacun contenait des produits chimiques dangereux. Des scientifiques de l’Université Rochester de New-York ont découvert que les bébés mâles nés de femmes exposées aux phtalates avaient de plus petits pénis et présentaient d’autres caractéristiques de féminisation des organes génitaux.
Cette contamination pourrait également donner un indice sur cette mystérieuse mutation du sexe chez les bébés. Normalement, il naît cent six garçons pour cent filles : ce serait le moyen que la nature aurait trouvé pour compenser les risques de pertes masculines dues à la chasse ou aux conflits. Or la proportion de filles est en augmentation, à tel point que – uniquement au Japon et aux Etats-Unis – quelques 250 000 bébés qui, statistiquement, auraient dû être des garçons sont nés filles. En Grande-Bretagne, l’écart [entre le sexe prévu et celui du bébé qui naît] s’élève à des milliers de cas chaque année.
Une communauté indienne du Canada, vivant sur des territoires ancestraux à la pointe est du lac Huron, cernée par l’une des plus importantes agglomérations d’industries chimiques du monde, donne naissance à deux fois plus de filles que de garçons. Le même phénomène se retrouve aux environs de Seveso, en Italie, ville contaminée à la dioxine suite à un accident notoire dans les années 1970[4], ainsi que parmi des ouvriers russes travaillant avec des pesticides. Il existe encore de telles preuves dans des pays aussi éloignés les uns des autres qu’Israël et Taïwan, le Brésil et l’Arctique.
Cependant, les perturbateurs endocriniens sont en grande partie absents des nouvelles réglementations de l’Union européenne sur le contrôle des produits chimiques dangereux. La Grande-Bretagne, alors sous mandat de Tony Blair, en fut largement responsable, limitant leur inclusion dans le premier avant-projet de la législation et amenant par la suite à ce que même ce qui y figurait soit édulcoré… Des documents confidentiels démontrent que ceci fit suite à des pressions de l’administration de George W. Bush qui objecta que les exportations américaines «pourraient en pâtir».
Actuellement, le gouvernement danois planifie de faire du lobbying pour obtenir le durcissement de ces lois. D’autres études se préoccupent particulièrement de ce sujet, démontrant que les perturbateurs endocriniens issus de produits chimiques agissant conjointement ont de beaucoup plus graves effets que la somme connue de leurs impacts individuels. Les autorités danoises veulent que ceci soit mentionné dans les réglementations ainsi que leur découverte des nombreuses sources auxquelles les enfants de 2 ans sont exposés, tels aux coups et flèches modernes d’un sort atroce, selon le dicton[5].
Geoffrey Lean
Source : Site internet The Telegraph – 23.10.09
Titre original : Why boys are turning into girls
Traduction et mise en forme : APV
Références thématiques :
- Site Réseau Environnement Santé (un article en français, deux articles en anglais)
- Hallelujah Acres – Malkmus George H., Rev.-, Puberté précoce (article traduit et publié par nos soins)
- Théraulaz Yseult, Les micropolluants, ces dangers invisibles (article publié par nos soins)
[1] N.d.l.r. : Jusqu’à 1980, l’organisation s’appelait : World Wildlife Fund (Fonds mondial pour la vie sauvage).
Source : site WWF.
[2] N.d.t. : Plutôt que de baisser les bras face à un tel constat, nous préconisons de prendre toutes les mesures en notre pouvoir pour limiter au maximum notre exposition à ces substances. Adopter une attitude responsable dans le choix de nos aliments, produits d’hygiène, vêtements, mobilier, etc. n’est certainement pas inutile.
[3] N.d.t. : Produits rendant les objets ininflammables.
[4] N.d.t. : Cette catastrophe a eu lieu le 10 juillet 1976.
[5] N.d.t. : Référence à un vers d’Hamlet de Shakespeare : «To be, or not to be, that is the question – Whether ‘tis nobler in the mind to suffer the slings and arrows of outrageous fortune, or to take arms against a sea of troubles, and by opposing end them?» («Est-il plus noble pour une âme de soutenir les coups et les flèches d’un sort atroce ou de s’armer pour mettre fin à une marée de douleurs?»)