William Seymour et le réveil d'Azusa Street

Collectif - 28.11.2016

Publication initiale de cet article sur notre premier site.

Son enfance et sa jeunesse

Le 2 mai 1870, un fils naquit à Simon et Phyllis Seymour, en Louisiane, à quelques kilomètres du golfe du Mexique. Bien que libres de l’esclavage depuis quelques années, les parents du petit William Joseph travaillaient encore dans les plantations. Ce fut donc dans un monde d’horrible violence raciale que William grandit, sur les traces de ses parents. Loin de se contenter de sa maigre éducation, il fut, comme beaucoup d’autres, un parfait autodidacte. Son principal livre d’étude était la Bible. William Seymour forgea son identité en Jésus-Christ, croyant que Dieu était le seul libérateur de l’humanité. Sensible et affamé de connaître la vérité de la Parole de Dieu, il reçut dès son plus jeune âge des visions divines et s’intéressa en particulier au retour de Jésus-Christ.

Départ de Louisiane

A l'âge de 25 ans, il domina enfin son complexe d’infériorité et quitta la Louisiane, ce que seuls 10% de Noirs avaient osé faire à cette époque. Il avait l’assurance que les chaînes que les hommes lui avaient mises ne le retiendraient pas. Il se rendit à Indianapolis, où la couleur de sa peau lui ferma de nombreuses portes. Finalement, il obtint un emploi comme garçon d’hôtel et se joignit à une église méthodiste de la ville. Malgré sa profonde conviction que la rédemption en Jésus n’avait rien à voir avec la couleur de la peau ou la classe sociale, il dut pourtant quitter Indianapolis suite à des pressions racistes. Il se rendit à Cincinnati, dans l’Ohio, où il s’engagea dans une autre église méthodiste, devenant un fidèle disciple de Wesley, qui lui aussi croyait qu’il n’y avait aucune discrimination en Jésus.

Malheureusement, William Seymour dut constater que cette église s’éloignait de ses racines bibliques. C’est pourquoi il s’engagea dans une autre église où il reçut un appel pour le ministère, ce qui l’effraya quelque peu. Durant cette période, il contracta la variole, maladie souvent fatale à cette époque. Après trois semaines de grandes souffrances, il se releva avec l'œil gauche aveugle et de vilaines cicatrices au visage. Sitôt après, il se soumit au plan de Dieu et devint évangéliste itinérant, sans support financier extérieur. Il croyait que celui qui l’avait appelé était aussi son pourvoyeur et qu’il allait le soutenir. Il se rendit au Texas et s’arrêta à Houston, qu’il choisit comme base pour son ministère.

Charles Parham

En 1905, Charles Parham organisa à Houston des rencontres qui attiraient des gens de toute race et connurent un vif succès. Une amie de William Seymour, Madame Lucy Farrow, pasteur d’une petite église de cette ville, alla vivre avec la famille Parham, au Kansas, pendant deux mois. William Seymour fut chargé de s’occuper de son église durant ce temps.

Quand Madame Farrow revint à Houston, elle lui parla de ses expériences, et en particulier du parler en langues. Emu par ce récit, William Seymour entreprit des recherches dans la Bible; il était prêt à accepter cette manifestation. Il s’inscrivit à l’école biblique de Charles Parham. A cause de la couleur de sa peau, il n’y fut pas accepté en tant qu’interne, mais seulement pour les cours de la journée. Ce fut à base de la doctrine de Charles Parham sur la Pentecôte que William Seymour développa sa propre théologie.

Los Angeles

Début 1906, ses études à l’école biblique terminées, il fut invité par Miss Terry – qu’il avait rencontrée à l’église de Madame Farrow – à se rendre à Los Angeles pour s’occuper d’une petite congrégation. Il quitta le Texas à la fin janvier. En 1906, Los Angeles était le miroir du monde. Le mélange des cultures aidant, il y avait peu de discrimination raciale. Il était évident, même avant l’arrivée de William Seymour, qu’un réveil spirituel y avait lieu. Les chrétiens cherchaient Dieu, priaient et témoignaient.

Opposition à son message

A son arrivée, William Seymour ne perdit pas de temps. Il prêcha la guérison divine, le retour imminent de Jésus-Christ et le parler en langues, selon le livre des Actes des Apôtres. Cela ne plut pas à tout le monde. Un soir, alors qu’il rentrait, il trouva la porte de l’église fermée. Il trouva refuge chez la famille Lee, membre de l'assemblée, puis emménagea au 214, North Bonnie Brae Street, dans la maison des Asberry, des cousins de Miss Terry. Ce fut à cet endroit que les personnes assoiffées du Saint-Esprit se réunirent alors. Elles priaient des heures durant pour recevoir le baptême dans le Saint-Esprit.

Une nouvelle Pentecôte

Lucy Farrow vint de Houston pour témoigner de son expérience. Le groupe avait entamé une période de jeûne et de prière de dix jours. Le troisième jour, Monsieur Lee, malade, demanda à William Seymour de prier pour lui. Il fut instantanément guéri! Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin, il demanda encore le baptême dans le Saint-Esprit. William Seymour pria et, au même moment, Monsieur Lee se mit à parler en langues! Nos deux amis furent remplis de joie! Le soir, ils se rendirent à Bonnie Brae pour la réunion de prière. Après quelques chants et des témoignages, William Seymour raconta les événements de la journée. Aussitôt, Monsieur Lee leva les mains et parla en langues. Le groupe s’agenouilla, adora Dieu, et demanda avec insistance le baptême dans le Saint-Esprit. Six ou sept personnes se mirent alors à parler en langues, dont Jennie Evans Moore, qui allait plus tard devenir l’épouse de William Seymour. La nouvelle se répandit le soir même : des personnes se précipitèrent dehors, prêchant et prophétisant, d’autres coururent dans la rue pour que tout le voisinage les entende parler en langues. C’était une explosion de joie dans l’Esprit! Ils célébrèrent trois jours durant le «rétablissement de la première Pentecôte».

Le bruit se répand

Bientôt des foules de toutes cultures remplirent la cour des Asberry. Chacun espérait entendre quelqu’un parler en langues. Parfois, c’étaient de grands cris, d’autres fois, le silence, car certains chrétiens, touchés par l’Esprit, restaient étendus sur le sol des heures durant. Quand William Seymour s’adressait aux personnes rassemblées devant la maison, le porche de la maison Asberry devenait un pupitre et la rue les bancs de l’église. Durant la troisième nuit de ces rencontres, William Seymour reçut enfin le baptême dans le Saint-Esprit, lui qui avait permis à tant de monde, par ses prédications, de connaître la liberté.

La maison des Asberry ne pouvait plus contenir les foules qui affluaient. William Seymour et les anciens de l’église se mirent à la recherche d’un nouveau lieu de rencontre. Ils dénichèrent, dans un quartier industriel de Los Angeles, une ancienne église méthodiste si délabrée que l’étage servait d’entrepôt et le rez-de-chaussée d’écurie. Les fenêtres étaient cassées et des ampoules électriques pendaient au plafond. L’affaire fut conclue pour 8 dollars par mois.

312, Azusa Street

Des chrétiens venus d’un peu partout offrirent leurs services ou leur argent pour restaurer le bâtiment. Ce fut dans un humble décor que les nouveaux propriétaires du 312, Azusa Street se préparèrent à un réveil international. 

Le tremblement de terre du 18 avril 1906 marqua l’histoire des Etats-Unis. Le lendemain, un choc moins violent se fit sentir à Los Angeles, qui poussa bien des personnes apeurées à se repentir de leurs péchés. Des gens de tout rang social se rendirent dans ce local vétuste d’Azusa Street pour entendre le message de l’Evangile et recevoir le baptême dans le Saint-Esprit. 

L’Esprit à l’œuvre

Les rencontres étaient spontanées : les participants, assis face à l’orateur, chantaient sans recueil de chants et sans accompagnement musical. Il n’y avait pas de programme; l'Esprit de Dieu dirigeait tout. Certaines réunions duraient entre dix et douze heures, d’autres plusieurs jours et plusieurs nuits! L’onction de Dieu était si forte que si quelqu’un se levait et parlait de son propre chef, sans être inspiré, les croyants remplis de l’Esprit éclataient en sanglots. La puissance de Dieu se sentait même à l’extérieur du bâtiment. De nombreux passants tombaient à genoux dans les rues; lorsqu’ils se relevaient, ils parlaient en langues! Durant l’été, des trains amenaient chaque jour des visiteurs de tout le continent et, dans tout le pays, les médias séculiers et religieux rapportaient les évènements extraordinaires d’Azusa Street. Tous les membres de l’église portaient de petites bouteilles d’huile pour oindre les malades. Ils frappaient aux portes, témoignaient et priaient pour les habitants de Los Angeles. Ils chantaient et prêchaient dans les rues, fournissant vêtements aux pauvres et nourriture aux affamés. De là partirent des missionnaires pour la Scandinavie, la Chine, l’Inde, l’Egypte, l’Irlande, etc.

Un témoin

Comme bien des serviteurs de Dieu, John G. Lake se rendit à Azusa Street. Dans son livre Aventures avec Dieu, il fait le commentaire suivant : «William Seymour utilisait un vocabulaire très drôle. Mais j’aimerais vous dire que des docteurs, des avocats et des professeurs écoutaient les merveilleuses paroles qui sortaient de sa bouche. Il y avait plus de Dieu dans sa vie que dans celle de n’importe quel homme que j’avais rencontré jusqu’à ce jour. Ce n’étaient pas les mots qu’il prononçait qui me le montraient, mais ce qu’il transmettait de son esprit à mon cœur. C’était Dieu en lui qui attirait les foules.» En septembre 1906, à la demande de beaucoup de sympathisants, William Seymour commença à publier le journal The apostolic faith («La foi apostolique»). Quelques mois plus tard, il comptait vingt-mille abonnés et, dans le courant de l’année suivante, le double. Dans le premier numéro, William Seymour écrivait : «...des multitudes sont venues. Dieu ne fait pas de différence entre les nationalités.»

Troubles et divisions

On s’attendait à ce que la persécution vienne de l’extérieur, mais elle vint de l’intérieur. Un matin d’automne, les membres lurent sur la façade du bâtiment l’inscription suivante : «Mission de la foi apostolique». Ce nom, utilisé par Charles Parham à ses débuts, les induisit en erreur. Ils crurent que la mission d’Azusa s’était ralliée au ministère de Charles Parham. Troubles et divisions ne faisaient que commencer. William Seymour invita Charles Parham à venir enseigner sur le Saint-Esprit et le parler en langues, sujets qui se prêtaient aux interprétations les plus diverses. Il pensait que la riche expérience de Charles Parham allumerait un nouveau mouvement de Dieu. Ce ne fut pas le cas. Les divergences forcèrent William Seymour à cadenasser la porte de la mission pour en interdire l’accès à Charles Parham. Pendant les deux mois qui suivirent, il ne fit aucune mention de cette rivalité. Ensuite, lorsqu’il en parla, il resta discret et n'émit aucune critique négative à son encontre. Ainsi, tout en essayant de préserver intacte sa doctrine de l’unité, William Seymour resta intègre dans ses enseignements et ne permit pas que l’on juge ses accusateurs. Au printemps 1907, l'assemblée décida d’acheter le bâtiment. A cette époque, des rapports de miracles arrivaient de partout et de nouvelles missions s’ouvraient dans le monde entier.

Mariage

Le 13 mai 1908, William Seymour épousa Jennie Evans Moore, fidèle membre de la mission. Cette décision ne plut pas à tout le monde, spécialement à la responsable de la publication du journal. Elle quitta alors Azusa pour Portland, emportant avec elle les cinquante-mille adresses que possédait la mission. Il ne restait à William Seymour que les noms de Los Angeles. Quand parut le numéro de La foi apostolique de mai 1908, il semblait identique aux autres, mais à l’intérieur figurait une nouvelle adresse de la mission, à Portland, pour les cotisations et les envois. Beaucoup de lecteurs y envoyèrent leurs dons sans se poser de questions. A partir de juin, l’adresse de Los Angeles disparut complètement du journal. William Seymour et son épouse se rendirent à Portland pour confronter la responsable et réclamer la liste d’adresses, sans laquelle ils ne pouvaient poursuivre la publication du journal.

William H. Durham

Le ministère de William Seymour se poursuivit en 1909 et 1910, bien que le nombre de fidèles eût considérablement diminué. Parce qu'il devait se rendre à Chicago pour un rassemblement, il chargea deux jeunes gens de prendre soin de la mission durant son absence. William H. Durham tint des rencontres à Azusa. Ses prédications y amenèrent du monde et on parla de la «pluie de l'arrière-saison». Lors d’un seul service, plus de cinq-cents personnes ne trouvèrent pas de place et durent s’en aller. Mais William Seymour et W.H. Durham ne parvenaient pas à accorder leurs doctrines et un nouveau conflit éclata. William Seymour chassa W.H. Durham, qui s’installa dans un autre bâtiment, entraînant la foule avec lui.

Les dernières années

Fidèle à ses convictions, Seymour poursuivit la mission, malgré le peu de monde qui la fréquentait. A la fin, seules vingt personnes étaient encore là. William Seymour consacrait son temps à la lecture et à la réflexion. En 1921, il entreprit sa dernière tournée à travers l’Amérique. A son retour, en 1922, ses amis le trouvèrent las. Le 28 septembre 1922, il ressentit une violente douleur dans la poitrine. Le médecin lui prescrivit du repos. Mais le jour même, il s’en alla vers son Seigneur, victime d’un arrêt cardiaque. Il avait 52 ans.

Conclusion

Durant les années qui suivirent la mort de William Seymour, son épouse assuma la charge de pasteur de la mission. Ce fut une époque de batailles juridiques, engagées par un prétendant à la direction de la mission. En 1931, les juges, agacés par ce groupe, déclarèrent que la propriété présentait des risques d’incendie et la démolirent. Madame Seymour mourut de la même cause que son mari, le 2 juillet 1936. Le ministère de Seymour se termina certes de façon dramatique, mais il contribua avant tout à faire exploser le mouvement de Pentecôte dans le monde. Beaucoup de chrétiens reconnaissent aujourd’hui avoir hérité des fruits de la persévérance de William Seymour.

Compilation et mise en forme : APV
Date initiale de parution sur www.apv.org : 01.02.07
Révision : 30.08.16

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